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Pourquoi emmener votre enfant chez le psy ?

Emmener son enfant chez le psychologue pour la santé de son âme et de son esprit.

Aujourd'hui encore, certaines personnes associent le mot "psy" à la folie. Or beaucoup d’entre nous connaissons des enfants, des adolescents et des adultes qui consultent un psychologue et pourtant, nous les savons "normaux", sains de corps et d'esprit.
Quand on a des maux de ventre, on va voir un médecin; quand on a des bleus à l’âme, on va voir un psychologue.

Un article écrit par Anne Jeger, psychologue clinicienne.
Elle reçoit des enfants, des adolescents et des adultes confrontés à des ruptures de lien (décès, maladie grave d'un proche, séparation,...), des difficultés familiales, scolaires ou professionnelles, des problèmes relationnels ou des questions existentielles. 

 

Emmener son enfant chez le psychologue est loin d’être une démarche évidente. En effet, en tant que parents, il faut admettre que son enfant a peut-être un problème et que l’on a besoin de l’aide d’un tiers pour le régler. Puis, il s’agit d’accepter de raconter son histoire familiale à un parfait inconnu. Enfin, laisser son enfant chez le psychologue une fois par semaine coûte en argent, en temps et en déplacement. C’est un choix à assumer pour son bien-être.

Voir un psychologue ne signifie pas forcément faire une psychothérapie. Il arrive qu’une seule consultation suffise à rassurer parents et enfant en éclairant une situation délicate et difficile à comprendre. Parler de la difficulté en question avec un psychologue permet aux parents de dédramatiser et d’y voir plus clair. Ils repartent confiants. Et la présence des parents est importante et significative pour l'enfant car il sent que ses parents s'inquiètent pour lui et l’accompagnent afin de l’aider à surmonter son mal-être.
  

Quelques définitions

Françoise Dolto, dans son livre "Lorsque l’enfant paraît"*, explicite les termes de psychiatre, psychologue, psychothérapeute et psychanalyste.

  • Le psychiatre est un médecin. Il a une expérience qui lui permet d’apprécier la gravité de la pathologie mentale. Il examine l’état neurologique du patient. Il prescrit des médicaments (…) efficaces pour apaiser les troubles. Il juge si le malade peut, sans risques pour lui et pour les autres, rester dans sa famille, ou s’il est plus prudent de le mettre au repos sous surveillance. Dans le dernier cas, il indique l'hôpital ou la clinique psychiatrique (…).

  • Il y a des psychologues partout où des gens vivent ensemble : au travail, dans les écoles, à l’hôpital, dans les prisons...Ils mènent des entretiens cliniques pour mieux comprendre la difficulté présentée par la personne qui consulte. Ils font passer des tests (pour certains d’entre eux).

J'ajouterai ceci:

« Le psychologue n'est pas médecin. Sa formation s'acquiert par des études universitaires en psychologie. Il est un professionnel du comportement humain, de la personnalité et des relations interpersonnelles. Il intervient dans tous les domaines de la société (éducation, santé, social, travail, sport, etc.) pour préserver, maintenir ou améliorer le bien-être ou la qualité de vie de l'individu, développer ses capacités ou favoriser son intégration sociale. Selon sa spécialisation (pratique clinique, orientation professionnelle, psychologie scolaire, psychologie du travail, etc.), il utilise des approches théoriques variées ». (Réf. www.orientation.ch)

  • Il y a des psychologues qui font des psychothérapies. La psychothérapie est une suite d’entretiens: le patient parle, le psychothérapeute écoute, met en confiance, permet d’exprimer ce qui ne va pas dans ses « états d’âme » et dans ses relations avec autrui. Quand on peut se confier à quelqu’un, quand on est sûr de sa discrétion, ça aide. (…) On peut faire une psychothérapie simple ou de soutien avec un médecin, un psychiatre, un psychologue, qui sait mettre en confiance, relancer la parole, aider à l’expression de ce qu’on a sur le cœur.

  • Le psychanalyste a été lui-même psychanalysé. (…) Dans une psychanalyse, le patient est couché sur le divan, il ne voit pas le psychanalyste. Il s’agit pour le patient de dire tout ce qu’il pense et ressent. (…) A travers la relation imaginaire du psychanalysant avec le psychanalyste et les rêves dont il lui parle, il revit inconsciemment ses expériences passées en remontant dans son histoire. C’est comme une aventure au bout de laquelle on est moins fragile psychiquement (…) Dans une psychanalyse, on évoque les souvenirs les plus anciens. C’est une sorte de reviviscence de toute la vie : amour, haine, méfiance, confiance, etc. (…)
      

Avec les enfants, c’est toujours une écoute de l’inconscient, mais la technique n’est pas seulement le recours à la parole; c’est aussi par le dessin, le modelage, la mimique expressive, que l’enfant fait comprendre ce qui, de son passé, lui fait un barrage inconscient que ni la technique ni la bonne volonté ne peuvent vaincre (…).
  

Les signes inquiétants

Ils sont divers et variés suivant les étapes de la vie traversées par l’enfant.

Il faut s'inquiéter si ces différents signes sont soudains et prégnants. Il est bon de consulter:

  • Lors d'un changement de comportement: agressivité, apathie, mutisme, apparition de tics, rituels de vérification ou de lavage.
  • Lors d'un fléchissement soudain et inexplicable des résultats scolaires.
  • Lors de troubles anxieux, angoisses, phobies d’animaux, phobies scolaires, etc.
  • Lors de troubles de l’alimentation: anorexie, boulimie, vomissements répétés.
  • Lors de difficultés du sommeil: endormissement, cauchemars, insomnies.
  • Lors de manifestations psychosomatiques: énurésie (pipis au lit), maux de ventre, etc.
  • Lors de troubles de l’humeur: pleurs fréquents, tristesse apparente, grande fatigue, repli social (l’enfant n’a pas d’amis), manque de confiance en soi.
  • Lors de signes de régression: il redevient bébé, ne s’habille plus tout seul, vous êtes obligé de lui répéter dix fois la même chose, il recommence à se mouiller dans la journée ou la nuit, il régresse dans ses apprentissages et a tout le temps besoin qu’on l’aide et le stimule.

Ils peuvent faire suite à un événement particulier ou inattendu comme la perte d’un être cher, le divorce de ses parents, la naissance d’un frère ou d’une sœur, un déménagement, etc.
   

A qui s’adresser ?

Le premier interlocuteur doit être le pédiatre ou le médecin de famille, en particulier pour les enfants âgés de moins de 3 ans. Ils seront aptes à vous conseiller et à vous orienter vers un spécialiste si votre enfant en a besoin.

Parfois, un maître d’école ou un membre de la famille a un recul suffisant pour analyser la situation de manière objective et la dénouer facilement.

Choisir un psychologue est chose délicate. C’est pourquoi, il est nécessaire d’en rencontrer plusieurs. Le plus important est que votre enfant se sente bien avec lui ou elle. A-t-il confiance? Comment vous en parle-t-il?

Bien entendu, votre jugement a du poids, mais sachez que certains parents sont jaloux du psychologue de leur enfant et, à terme, font cesser les rencontres parce qu’ils n’acceptent pas l’aide extérieure.

Il est bon aussi que vous expliquiez à votre enfant pourquoi vous l’emmener voir un psychologue, que vous l’aidiez à prendre conscience de ce qui a changé chez lui et qui vous préoccupe aujourd’hui. « Nous allons voir une dame/un monsieur dont le métier est d’aider les enfants à aller mieux, à être moins tristes, moins fâchés, plus calmes, plus heureux. Aujourd’hui, nous y allons pour chercher des solutions à ton problème de sommeil (par exemple). »

"La confiance, la sympathie, la discrétion et l’envie de se sortir de sa difficulté sont nécessaires" F. Dolto.
  

Comment se passe le premier entretien ?

Avant la première rencontre, il vous faut décider si vous vous voulez être seul ou accompagné de votre enfant. Il serait juste de dire que votre démarche concerne votre enfant et il est normal qu’il soit présent. Cependant, certains parents préfèrent venir seuls la première fois pour exprimer leurs craintes ou leurs inquiétudes librement. Parfois c’est le/la psychologue qui le demande.

Si vous venez seul, vous partagez votre difficulté au/à la psychologue et il/elle vous pose des questions, vous guide pendant l’entretien. La séance suivante, vous viendrez avec votre enfant.

Si vous êtes accompagné de votre enfant, le/la psychologue mène un entretien, s’intéresse à la vie de votre enfant, à l’histoire familiale. Et tandis que vous discutez ensemble, votre enfant est dans la même pièce et joue ou dessine. Chacun peut s’exprimer et participer à l’entretien.

   

La prise en charge thérapeutique

Si le/la psychologue décide d’un suivi plus long pour votre enfant et que vous l’acceptez, il sera bon de respecter cette démarche et de ne pas harceler votre enfant de questions faisant suite aux entretiens. C’est son jardin secret. Toutefois, montrez votre intérêt et accompagnez-le, si possible, à ces rencontres hebdomadaires.

Un suivi plus long donne lieu à une prise en charge thérapeutique. Selon l’âge de votre enfant, le/la psychologue vous demandera d’assister aux séances. Celles-ci durent entre une demi-heure et une heure.

Pour le/la psychologue, le but est toujours le même, quelque soit l’âge de l’enfant: l’aider à mettre des mots sur ses difficultés, à donner du sens à ce qu’il vit de difficile pendant cette période de sa vie. Au bout d’un certain nombre de séances, il/elle peut demander à vous rencontrer pour faire le point.

 

La durée de la thérapie varie d’un enfant à l’autre. Elle demande une coopération de l’enfant et de sa famille pour être menée au mieux, « parce que (…) l’enfant est bien souvent porteur désigné d’un symptôme qui révèle une problématique familiale non résolue ». (Gérard Poussin, psychanalyste)

 

« Si les parents font confiance à leur enfant et à la psychothérapie, s’ils soutiennent leur enfant dans les moments d’angoisse inévitables à ce genre de traitement, s’ils persévèrent eux-mêmes dans les moments où ils doutent, ils seront récompensés. La psychothérapie a ses limites, elle n’est pas magique. Il y a des souffrances morales, affectives ou intellectuelles pour lesquelles il n’y a pas encore de solutions ». (Françoise Dolto)

  

Parce que nous sommes très proches de nos enfants, nous ne comprenons pas toujours ce qu’ils vivent. Nous avons notre propre histoire, nos propres défenses et parfois, nous ne voulons ou ne pouvons pas voir ce qui les fait souffrir.

Acceptons de demander une aide et un soutien extérieurs pour y voir plus clair et continuer de cheminer aux côtés de nos enfants, confiants.

Pour en savoir plus sur le sujet, Anne Jeger est l’auteure du livre « Regard d’une psychologue sur les enfants, la vie de famille et les épreuves du couple. » (A commander sur => lafamilyshop.chet chez Payot à Lausanne

* "Lorsque l’enfant paraît", Françoise Dolto, Editions du Seuil

Commentaires





MmeLanglois
27.04.2023 09:58

Merci pour votre article !
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