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Enfant terrible

L'ENFANT TERRIBLE,  JE NE LE SUPPORTE PAS

DR. N. Frenck, Pédiatre FMH, Thérapeute de famille

L’enfant terrible n’existe pas. Il est terrible parce que je ne peux plus le supporter. Certains jours je le supporte plus que d’autres, et dans certaines circonstances, je le supporte mieux que dans d’autres.

L’enfant terrible apparaît dans la relation Moi/Lui quand la relation devient électrique (l’électricité vient de lui, ou de moi ou des autres) Mais l’enfant terrible ne peut apparaître tout seul. Il y a des circonstances qui entraînent «l’allumage» de l’enfant terrible (l’arrivée du petit frère/grand frère, du papa le soir,…) et alors la mise en scène peut commencer.
   

L’enfant terrible n’est pas terrible. Il agit en enfant terrible, il joue le rôle de l’enfant terrible dans certaines circonstances. Il est entrain de présenter un comportement d’enfant terrible, à mes yeux et à ce moment là. Ce qui est une phrase plus juste par rapport au respect qu’on doit à la personne qu’on ressent comme terrible.
  

La vie familiale, co-construction d’une pièce de théâtre.
La vie familiale est comme un jeu d’acteur. C’est une scène dans laquelle tout le monde joue un rôle. Et il y a des répliques à des répliques à des répliques...
Toutes les répliques de la vie familiale restent enregistrées dans notre mémoire. Nous tenons un livre de compte où sont enregistrés les comptes que nous avons avec chaque personne de la famille. Ces jeux de répliques influencent les suivantes. Il y a beaucoup de scênes familiales qui seront influencées par certains membres, même si ceux-ci sont absents.

Chaque réplique de chaque membre de la famille doit être vécue comme un fil qui formera le tissage familial. Et, pour mieux comprendre un fil dans la vie familiale, nous devons prendre le tissage dans son ensemble. Au lieu de prendre une phrase et d’essayer de la disséquer.

On essaie de deviner les choses. Il y a toujours les mêmes phrases que les enfants enregistrent . Puis ils nous les ressortent au bon moment…Les phrases dites par les enfants terribles sont des phrases dites par les parents. La pièce de la vie familiale est une co-construction familiale. Les différents acteurs ont accepté de vivre ensemble et de construire cette pièce. Il y a une sorte d’acceptation du rôle qu’on joue. Parfois on est contraint et forcé mais on joue le rôle quand même.

Le drame c’est qu’il y a des familles où on ne change jamais de pièce.
Et pourtant tout le monde en a marre de cette pièce. Aucun ne s’aventure a éventuellement changer de rôle ou à ne plus jouer.
   

Il faudrait parfois essayer une autre pièce: les parents à la place des enfants ou les enfants à la place des parents.
Que vont faire les parents? Les enfants?

Introduire l’exceptionnel dans la vie familiale ordinaire permet de faire changer l’attitude de chaque membre de la famille en l’obligeant à jouer un rôle différent. Les choses se gâtent quand on joue toujours le même rôle. La vie familiale s’écrase contre le mur de la vie quotidienne. La routine fait qu’on avance pas à pas.
Que le Papa prenne le rôle de la maman. Les enfants le rôle des parents.
  

Quel est le pouvoir de chaque acteur pour changer la pièce?

  • Chacun peut proposer une pièce
  • Les parents peuvent proposer une pièce
  • Les acteurs peuvent se donner 15 jours pour trouver une nouvelle pièce,…

Mais pour changer il faut 3 axes sur lesquels fixer les changements de la pièce:

  • Le souhait
  • Le vouloir
  • Le pouvoir
       

Par où commencer?
Qu’est-ce qu’un comportement? Un enfant n’est pas terrible mais a un comportement terrible.
Tout comportement, approprié ou inapproprié est appris. On est imprégné d’une façon d’agir.

Le comportement est principalement forgé par ses conséquences:

  • Si la conséquence au comportement inapproprié est plaisante, le comportement se répètera.
  • Si la conséquence au comportement inapproprié est inexistante, le comportement a toutes les chances de se répéter.

Il doit exister des règles où les parents expliquent clairement à leurs enfants le comportement souhaité, depuis le plus jeune âge. De cette façon, on ne les brime pas. On les encadre dans une situation claire et non ambiguë.

Derrière les règles il y a des sanctions en cas de non-respect:
La gamme généralement adoptée par les parents: stopper net, ignorer, désapprouver, isoler, supprimer les privilèges comme la télévision, les jeux vidéo, punition physique….tout ce qui signifie pour l’enfant: Stop
Malheureusement, souvent le Stop n’est pas un vrai Stop, mais un céder le passage.
 

Les récompenses:
encouragement d’un comportement, louange, activités spéciales, bon sens, argent.
Il faut faire attention au chantage-marchandage, la limite n’est pas claire. Et ce n’est pas sain.

S’il n’y a pas constance et régularité dans le message, il ne passe pas.

Il y a des règles prioritaires et des règles moins importantes. Avec des petits enfants il faut qu’il y ait 2 voir 3 principales règles. Les autres doivent se tisser autour.
Les parents doivent être des alliés. Ils sont complémentaires. Chacun fait avec ses compétences et on s’allie. Et cette alliance peut très bien exister même s’il y a divorce, ce qui préservera les enfants des dégâts du divorce.

La règle prioritaire doit être la sécurité: il ne doit pas y avoir de discussion là-dessus. Pas de comportement destructeur, pas marcher sur les autres…

Certaines règles doivent être visibles: la famille doit être l’apprentissage de la vie en société. On peut poser les règles à la cuisine: lieu commun à tous et c’est bénéfique pour l’apprentissage de ce qu’est une règle.

 

L’enfant terrible: il est important de décrire son comportement. Mais bien souvent en décrivant son comportement le parent juge l’enfant. On gagne à décrire le comportement tel quel. Raconter un fait, mais raconter aussi ce qui s’est passé avant et après. Comment ces comportements se sont installés.
Pour décrire, il est intéressant de le raconter en se forçant à conjuguer: j’ai fait ceci, ensuite tu as fait cela puis il a fait ceci et nous avons agi de cette façon ….ce qui permet de mieux transmettre le comportement.
Nous devons prendre garde à la structure de notre discours quand on parle de notre enfant terrible. Si on dit que c’est son comportement qui es terrible, on lui laisse la chance d’être autrement.

Personne, vient du latin: persona qui veut dire masque. L’enfant terrible a une carte de visite: Pierre Dupont: enfant terrible. Si je ne suis pas enfant terrible à ce moment là, j’ai tout de même ma carte de visite d’enfant terrible.

On a tout à gagner en en remplaçant les «tu es…» par «tu as un comportement qui…». L’étiquette «enfant terrible» ne doit pas lui coller à la peau. On ne doit pas être le procureur de notre enfant..
  

Dans différentes situations il y a 3 facteurs:

  • Les facteurs prédisposants: situation qui favorise l’apparition de tel ou tel comportement
  • Les facteurs précipitants: c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
  • Les facteurs perpétuants: facteurs qui font que les choses deviennent récurantes. Les parents souvent ne se parlent pas et focalisent sur les enfants. Ils n’accordent pas assez de temps aux enfants qui n’ont pas d’adulte à qui se confier.

Nous pouvons faire de la prévention en 1 et 3, identifier les facteurs prédisposants et perpétuants

Que faire avec l’enfant qui crise?
En fait, l’enfant fait des crises si elles sont efficaces. Elles apparaissent quand on montre à l’enfant ses limites et qu’on lui restreint son autonomie.
Alors on peut le prendre dans ses bras, le mettre dans sa chambre… Mais il faut éviter de sortir de ses gonds car alors la crise devient efficace!

En conclusion on pourrait dire de faire attention à l’enfant terrible qui ressemble à quelqu’un de la famille…Il peut-être bon de regarder si, au fond de nous même on ne trouve pas que son enfant terrible est chouette, si on n’est pas un peu fière qu’il soit terrible!
    

Questions:

1) Qu’elles sont les choses qui facilitent le fait que le comportement se répète?
On doit agir en tant que parent en donnant des explications. Si l’enfant résiste, crie ou pleure, il ne veut pas nous faire crier, il veut montrer son autonomie. Et il ne faut pas tout accepter, mais on peut, une fois, leur donner la chance d’aller jusqu’au bout . Pour voir et leur faire saisir le message.
 

2) Un enfant terrible a vite une étiquette, et l’enfant fait tout pour coller à son étiquette.
Oui, et alors on est impuissant. Il faut lui imaginer une autre carte de visite. Car l’enfant se perfectionne dans la famille et exporte son comportement à l’extérieur de la famille. L’enfant s’identifie à ce personnage. Il faut donc qu’il investisse un autre personnage. Mais lequel? Le choisir avec lui par exemple. Que ferait-il s’il était un animal? Un métier? S’il est bon en informatique on peut le transformer en expert de la vidéo,…en désinvestissant un rôle, il en intègre un autre. Et l’investissement dans un rôle vient de l’intérieur de la famille. Il est rare qu’il vienne de l’extérieur
  

3) Que faire quand l’enfant terrible exerce son rôle d’enfant terrible vers son frère aîné et que l’aîné ne le supporte plus?
L’aîné doit se défendre. Il doit avoir l’autorisation des parents de se défendre, sans faire de mal. Et quand le petit vient vers nous pour se plaindre, on le console de s’être fait taper, mais sans entrer en matière dans leur conflit.

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