Il peut arriver qu’après l'accouchement la maman souffre de changements d'humeur la faisant passer de l'euphorie au désespoir, et transformant l'heureux événement en cauchemar.
La meilleure façon de sortir de la dépression du post-partum ou du Baby blues est d’en parler et de trouver des appuis autour de soi.
« Nous avons le bonheur de vous annoncer la venue au monde de notre petit·e… » Le faire-part de naissance est formel. Parents fous de joie, émerveillés, au comble de l’émotion. Et pourtant, derrière la belle image, se cache une autre réalité pour beaucoup de femmes.
« Alors qu’elles devraient être heureuses, 15 à 20% des femmes sont touchées par la dépression, explique Mathilde Morisod, médecin responsable de la liaison pédopsychiatrie au CHUV, à Lausanne.
Et encore, ce phénomène est sous-diagnostiqué car il y a une grande honte et de la culpabilité.
Il est difficile de se confier sous peine de gâcher l’euphorie ambiante. « Souvent, elles n’en parlent pas à leur conjoint, observe Mme Morisod. Ça se passe entre la maman et l’enfant, et les rapports deviennent alors très négatifs. »
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D’une manière générale, l’accouchement reste une expérience éprouvante. « 6 à 9% des femmes subissent un stress post-traumatique quand tout se passe bien c'est-à-dire sans ennui obstétrique, analyse Antje Horsch, professeure à l'Université de Lausanne et au département femme-mère-enfant du CHUV. Ce chiffre monte à 25% quand il y a une complication comme une césarienne en urgence ou un enfant prématuré. »
Le stress post-traumatique provoque cauchemars, flashbacks liés à l’accouchement. Le baby blues est un court passage à vide, une forme plus légère que la dépression post-partum qui s’installe et s’aggrave avec le temps. Pleurer sans raison, être triste, se sentir dépassée, pas à la hauteur sont parmi les principaux symptômes. « Il faut oser, penser à demander de l’aide, juge Hélène Tinguely, nutritionniste. Ne pas hésiter à faire un bilan sanguin, à prendre des compléments pour retrouver sa vitalité. » Consulter un psychologue, avoir recours à des médicaments sont des solutions efficaces pour se soigner en quelques mois. Et rétablir une relation saine et apaisée avec son enfant.
Un changement hormonal, le manque de soutien familial et social, une grande fatigue expliquent en partie la dépression post-partum. Les risques augmentent si la maman a déjà souffert dans son passé, de dépression. A bout de nerfs, elle tient bon malgré tout « Une maman peut minimiser sa fatigue, penser que c’est normal, note Hélène Tinguely. Même si souvent elle n’arrive plus à se concentrer parce que le bébé a puisé les Oméga 3 directement dans son cerveau, qu’elle peut avoir des carences en fer, que son moral est au plus bas, elle se fait une raison et tâche de garder le sourire. »
A s’en occuper sans interaction, sans plaisir ni envie, une mère menace l’équilibre affectif de son enfant.
Les tout-petits peuvent développer des troubles de l’alimentation, du sommeil, un caractère irritable, ou à l’inverse être trop sages. « Pour prévenir le développement des problèmes de santé mentale comme une dépression post-partum, il faut un entourage qui soutient la maman aussi bien émotionnellement que dans les tâches du quotidien, avance Mme Horsch. La mère peut suivre une psychothérapie qui renforcera le lien mère-enfant, en parler aussi avec d’autres parents qui ont vécu des événements traumatiques similaires. »
A Lausanne, l’association (Re)Naissances s’est créée fin 2016, afin de venir en aide tout spécialement aux femmes et aux hommes (si, si les pères en souffrent aussi !), après un traumatisme durant la période périnatale. Le sujet reste délicat à aborder et il est important de savoir que des spécialistes, des structures sont à l’écoute. Bien dormir, bien manger, faire de l’exercice physique, prendre du temps pour soi, redonne confiance et énergie. C’est une succession de petits pas qui permet de reprendre goût à la vie et de refaire surface en douceur.
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