Un article proposé en collaboration
avec Annick Pochet
Thérapeute systémique, PNL et Hypnose
Et ce sentiment perdure jusque dans leur vie d'adulte. Aussi, lorsque j'interroge ces "anciens" enfants, la plupart évoquent leur relation à la fratrie ou à leurs parents, comme une incompréhension à avoir été désigné comme "chouchou" ou au contraire à s'être senti moins aimé que ses frères et sœurs.
Quel que soit le point de vue de cet adulte, il s'est construit avec un sentiment négatif à son endroit. Ce qu'il était en tant qu'être singulier, n'était soit pas reconnu, soit difficile à gérer avec le parent trop aimant. Il le vit encore très souvent, étant à l'affût du moindre élément qui pourra valider son sentiment, lors d'évènements familiaux de toute sorte.
Et bien oui! En tant que parent, vous n'allez pas avoir le même type de relation avec chacun de vos enfants. Beaucoup d'études ont, en effet, démontré que le parent a, dans 40% des cas, une plus grande attirance envers l'un de ses enfants. Pourtant, se l'avouer in petto, et pire encore, à haute voix, reste tabou.
C'est normal puisque le parent va tisser avec chacun de ses enfants un lien singulier et d'autant plus spécifique si les enfants ne sont pas du même sexe. Comme nous sommes tous des miroirs les uns pour les autres, chaque enfant va renvoyer au parent une partie de lui-même, de sa propre vie d'enfant. Dans une fratrie, un parent peut aimer ses enfants avec la même force, mais avec beaucoup de nuances. Même si l'enfant est de fait, influencé par l'environnement dans lequel il grandit, il n'en reste pas moins un être humain à part entière, avec son propre caractère, sa propre forme d'expression et de penser.
Françoise Dolto disait souvent: les enfants d'une même fratrie n'ont pas tous les mêmes parents.
Pourquoi? Parce que chacun arrive à un moment particulier de la vie de ses parents. La maman qui accouche à 35 ans de son troisième enfant n'est plus celle qui, à 18 ans, a donné naissance à son premier. Comment imaginer qu'elle puisse tisser des liens similaires avec l'un et l'autre?
Il est important que chaque enfant, pour bien faire le chemin de l'individuation, soit traité différemment de ses frères et sœurs. Les attitudes du parent sont dans un premier temps conditionnées par la différence d'âge entre ses enfants, différences de sexe, différence d'individualité.
Un enfant est perçu, et se sent aimé par ses parents comme "un" et unique, que s'il peut se reconnaître comme tel, accepter dans sa singularité et prendre conscience de sa valeur. Car oui, être différent a une valeur.
Vouloir à tout prix uniformiser les relations entre ses enfants et soi-même, gomme les capacités et compétences qu'un enfant a par rapport à un autre. Cela se traduit généralement, par exemple, lors des anniversaires, où le parent offre le même cadeau à chacun, ou offre un cadeau à tous alors que ce n'est l'anniversaire que d'un. C'est aussi le parent qui s'interdit d'avoir des moments d'intimité avec l'un d'eux. C'est vouloir toujours tout partager à part égale.
Si le lien avec l'enfant préféré est disproportionné, qu'il est exclusif, le parent doit s'interroger sur son fonctionnement. Pourquoi aime t'il autant cet enfant et pourquoi rejette-t-il les autres?
Cette attirance excessive est souvent une forme inconsciemment incestueuse. Elle peut aussi naître de la façon dont l'enfant est arrivé au monde. S'il est malade par exemple ou que sa naissance a été vécue dans un moment familial dramatique ou compliqué. Il sera "la bulle de répit" du parent, que par effet miroir, le parent va vouloir absolument protéger par peur que cet enfant-là ne souffre. L'enfant ne sera pas aimé pour lui-même, mais pour ce que le parent retrouve ou projette en lui.
Et le reste de la fratrie ne va pas supporter cette exclusivité. Les relations entre les enfants vont être dures, parfois violentes. Chaque enfant fera tout ce qui lui est possible pour se distinguer des autres. Ils vont se disputer les restes "d'amour" que le parent en question voudra bien leur donner.
Pas la peine de culpabiliser! Personne ne contrôle ses émotions ou sentiments profonds. Acceptez cet état de fait simplement, dans votre for intérieur. OK, vous avez plus d'affinité pour l'un de vos enfants.
Il va falloir maintenant être attentif à ne pas laisser cette préférence devenir nocive pour l'équilibre familial.
Et toujours, ne restez pas seul(e) face à vos questionnements. Parlez-en!
Annick Pochet
Thérapeute en psychologie systémique à domicile
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