Vaincre sa timidité, est l'une des premières motivations qui amène l'enfant à franchir les portes d'un cours de théâtre. Avant d'être célèbre ou populaire, le théâtre l'aide d'abord à devenir lui-même. Comment ça se passe? Qu'apporte le théâtre à l'enfant pour l'amener à dépasser ses peurs?
Le théâtre est connu pour aider à dépasser sa timidité. Pourquoi? Il permet de sortir de sa zone de confort et de s’ouvrir aux autres, tout en s’amusant, nous explique Chantal Marti des ateliers Allo-timidité qui a mis sur pied des ateliers spécialement conçus pour permettre aux plus timides de profiter des bienfaits du théâtre tout en se sentant à l’aise!
«Pour moi, ce qui était difficile, c'était de lever la main en classe», se souvient Anne-Frédérique Rochat, l'écrivain et comédienne vaudoise. A sept ans, ses parents l'ont inscrite à son premier cours, et depuis elle n'a plus arrêté. Tout comme elle, les enfants viennent se libérer, affirmer leur personnalité à travers le jeu. Pour la plupart, ils choisissent eux-mêmes de passer à l'action. «Rares sont ceux qui partent en cours d'année ou alors, ils le font rapidement», constate Simon Rattaz, animateur-comédien à l'atelier de théâtre les Arts en Scène, à Lully. Dans un cadre bienveillant, rassurant, l'enfant va se débarrasser de cette sensibilité un peu trop encombrante au quotidien. «Il devra vite participer, sinon les autres décideront à sa place», explique t-il. Confronté au groupe en même temps qu'à sa timidité, il choisira de se lancer, de s'ouvrir. «Quand un timide ose, il ose tout! s'exclame Mme Rochat. Les barrières tombent et il a souvent moins de limites que les autres». L'enfant va alors terrasser son vrai ennemi, le regard des autres. En jouant différents personnages, il va ne plus être tout à fait lui-même et sur scène, reconquérir de l'assurance.
L'un des principes actifs du théâtre, c'est d'amener l'enfant comme l'adulte à se mettre à nu et à exprimer ses sentiments. Depuis l'Antiquité, les pouvoirs du théâtre sont connus. Aujourd'hui, l'école d’art-thérapie éata-créavie, à La Conversion, forme ses premiers dramathérapeutes. Quand l'approche verbale s'avère difficile en thérapie classique, une méthode par le jeu peut aider à débloquer l'enfant. « A force de mises en situation, il va vivre des expériences dans une réalité dramatique où tout est possible, tout est permis », commente Lucy Newman, responsable de formation. Au-delà de la timidité, la dramathérapie peut amener des enfants autistes ou violents vers le changement. Jouer un rôle donne de la distance, c'est être quelqu'un d'autre, enfin en apparence. «Cela permet ensuite de faire le lien avec ses propres expériences », analyse Lucy Newman. Plusieurs outils et techniques peuvent servir à créer un lien selon l'âge, comme les ombres chinoises, les masques, les marionnettes. «On est des thérapeutes modernes, avance Simon Rattaz. Mais nous n'essayons pas de changer les gens, ils le font par eux-mêmes».
Loin du bruit et du fracas de l'extérieur, l'atelier ressemble à un cocon. Et c'est dans un climat de confiance que l'imagination et la création s'expriment. « Le problème quand on est timide, c'est de ne pas savoir si on va dire un truc bête, maladroit », explique Anne-Frédérique Rochat. Les exercices d'improvisation, l'interprétation des textes structurent l'apprentissage théâtral. Guidé par les consignes du professeur, l'enfant va apprendre à se déplacer, à jouer avec son corps, sa voix. Mais c'est à travers le groupe qu'il va pouvoir pleinement s'épanouir et donner le meilleur de lui-même. Car ses collègues comédiens vont lui renvoyer sa véritable image, ses forces, ses faiblesses. « C'est par le groupe et l'écoute qu'on se surprend, qu'on évolue », confirme Simon Rattaz. L' émotion ne passe pas seulement par l'interprétation d'un seul comédien mais par l'énergie, le plaisir de jouer ensemble. Lâcher prise, oser être soi, sont les grands défis du timide que le théâtre peut aider. « Avant d'être sur scène, je suis timide mais après, j'arrive à m'envoler » confie Anne-Frédérique Rochat. Le plus difficile est de faire le premier pas. Mais tel le Petit Poucet chaussant les bottes de sept lieues, ça peut-être un pas de géant.
Voir aussi notre article sur la timidité ici!
François Jeand'Heur
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