Être la cible, la victime de harcèlement, transforme la vie de l'élève en enfer quotidien. Internet, les réseaux sociaux en démultiplient l'impact et les traumatismes. Informer, créer un climat social au sein de la classe sont les moyens de lutter efficacement contre ce phénomène.
L'école, terrain miné
A force de se faire traiter de «pute», cette élève de 6e, se demande si finalement, ce n'est pas vrai. Une autre, 14 ans témoigne: «J'ai du changer d'école parce que là-bas tout le monde me rabaissait et me crachait dessus» Ces témoignages anonymes sur ciao.ch, révèlent la violence vécue à l'école. Insultes, bousculades, pour certains enfants, la scolarité ressemble à un chemin de croix. Une enquête valaisanne de 2012, auprès de 4000 écoliers de 5e et 6e, faisait ressortir qu'un peu moins de 10 % des enfants sont concernés par le phénomène. Les disputes, les bagarres, sont souvent des moyens de régler des différends entre pairs. Ces rapports font partie de la vie sociale de l'enfant et sont structurantes dans son approche de l'autre. Il se confronte à une réalité qui n'est pas la sienne et doit composer avec. Le harcèlement, par contre, est un déséquilibre du rapport de force. Il entretient une domination vis-à-vis d'un enfant qui devient la proie d'un ou plusieurs de ses congénères. Internet, les téléphones mobiles sont devenus des armes contre lesquelles, il est difficile de lutter.
Cybermobbing, harcèlement 2.0
Avec les nouvelles technologies, le harcèlement n'a plus de limites. En dehors de l'école, il continue sur les réseaux sociaux. Facebook, Twitter, YouTube, sont des caisses de résonance aux effets dévastateurs. Par leur grande audience, leur facilité d'emploi, leur anonymat, ils propagent la haine et laissent le jeune visé démuni contre ce genre d'agression dématérialisée. Insultes, photos peuvent en quelques instants, se répandre sur la Toile et faire une réputation. Les filles sont davantage exposées à ce genre de danger qui prend souvent un caractère sexuel. Comme avec le «sexting», photos intimes que l'on diffuse sur internet ou sur mobile.«J'ai fait une énorme erreur, j'ai envoyé une photo de moi torse nu à un garçon et il l'a montrée à toute mon école», raconte cette jeune fille sur ciao.ch. Les jeunes sont quelquefois complices de leur malheur et quand la prise de conscience arrive, c'est souvent trop tard, le mal est fait. La popularité escomptée se retourne alors contre son auteur et peut faire l'objet de chantage, de pression. Les cyberharceleurs ne réalisent pas toujours que les cicatrices virtuelles sont bien réelles et profondes.
Informer et former
Pour contrer ces nouvelles formes de violence à l'école, voir aussi jeunesetviolence.ch, et en dehors, des actions de sensibilisation sont menées. Pro Juventute a récemment mis en garde dans ses campagnes, les jeunes contre les dangers du sexting et du cybermobbing. L'office fédéral des assurances sociales (OFAS) a créé une plate-forme Jeunesetmédias.ch dans le cadre du programme national de promotion des compétences médiatiques. Pour Liliane Galley, collaboratrice scientifique à OFAS, le but est d'informer « Une meilleure connaissance des technologies permet d'en repérer les dangers et de s'en protéger. C'est valable pour les jeunes, bien sûr, mais aussi pour les parents qui veulent savoir ce que font leurs enfants ». Les recommandations de l'OFAS dans la lutte contre la violence à l'école privilégient la mise en place de règles de vie et des méthodologies interactives. Charte élaborée avec les élèves, renforcement de leurs compétences sociales, espaces de paroles, sont des solutions pour mieux vivre ensemble à l'école. Un enseignement misant sur la coopération, où les jeunes s'impliquent dans la vie de classe, crée un climat scolaire favorable et lutte efficacement contre tous les types d'agression et de brimades.
Stop au harcèlement!
Si le harcèlement n’est pas stoppé, il peut avoir des conséquences graves (dépression, suicide, délinquance...)!
Que dit la loi?
Les injures (article 177 du code pénal), les menaces (article 180), la calomnie et la diffamation (article 173) sont interdites par la loi!
Une personne qui harcèle peut avoir à faire à la police et se retrouver devant un juge! A vous de porter plainte auprès de la police si votre enfant est harcelé.
François Jeand'Heur, Lafamily
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