Un article écrit par Anne Jeger, psychologue clinicienne.
Elle reçoit des enfants, des adolescents et des adultes confrontés
à des ruptures de lien (décès, maladie grave d'un proche, séparation, ...),
des difficultés familiales, scolaires ou professionnelles, des problèmes relationnels
ou des questions existentielles
Trop de travail, trop de devoirs, trop d’activités, trop d’écrans!
Pourquoi? Pour quoi nous faut-il ainsi en demander trop, en faire trop? Remplir. Consommer. Vider. Remplir le vide et se remplir d’images, de nourriture, d’activités...
Adultes et enfants sont nombreux à être fatigués, surchargés, voire stressés par les exigences de notre société qui déteignent sur le monde et rendent le monde fragile.
Paradoxalement, il y a plein de choses à faire et plus le temps de les faire. Et surtout, plus le temps d’Etre. Etre bien avec soi; être bien avec les autres. Heureusement il y a des réactions, des associations, des personnes qui militent pour retrouver le temps perdu, le temps qualitatif où il n’y a pas besoin de sur-faire ou trop en faire.
Ma pratique me fait rencontrer des adultes et des enfants débordés et angoissés. On ne peut pas demander à une tortue de courir comme un lièvre. Chacun a un rythme interne différent de celui de son voisin et il n’y a pas à comparer. Un enfant qui prend son temps pour faire ses devoirs n’est pas moins intelligent qu’un enfant qui a un rythme plus rapide. Cela n’a rien à voir. Et plus on met la pression sur un individu, plus il se crispe, s’essouffle et se sabote lui-même.
J’évoquais il y a quelques années en arrière dans mon article «Laisser du temps au temps des enfants», les agendas de ministre des grands comme des petits. A quoi ça sert? La peur motive tout cela, sans doute: peur de ne pas être dans la compétition, peur de ne pas réussir, peur d’être marginalisé, peur de ne pas être à la page, peur de rester en rade... Combler les trous ou masquer la peur par l’excès de travail, de jeux vidéo, d’activités, de nourriture, d’achats compulsifs, est une illusion parce qu’on sait bien que le manque crée le manque: plus je fais plus j’ai envie d’en faire. Et cela devient une drogue. Et je ne sais pas s’il existe de bonnes drogues. Une drogue reste une drogue et crée de la dépendance. Beaucoup (trop) de dépression, de burn out, de désespoir... dans une société où nous croyons avoir tout. Tout ou trop? Et c’est quoi «tout»?
«Trop», j’entends ce petit mot presque tous les jours.
Alors comment revenir à l’essence-ciel, lever les yeux, prendre du recul, regarder sa vie, prendre du temps pour réfléchir à son sens, ses valeurs profondes, ses croyances... S’arrêter. Silence. Respirer. Sentir la vie. Sa vie. Se rencontrer. Puis rencontrer l’autre. Ouf...
Anne Jeger, psychologue clinicienne
>> S'ennuyer, pour le meilleur!
Commentaires