Après avoir montré pourquoi il est important d’aborder la question des abus sexuels au sein des association sportives, des églises et des associations de loisirs; après avoir parlé des contacts physiques sains et ceux qui dépassent la sphère intime des jeunes; après avoir abordé la question des situations délicates qui peuvent survenir au sein de n’importe quelle association, il est important de savoir comment réagir en cas de suspicion d’abus sexuel ou en cas d’abus avérés.
Malheureusement, nous avons remarqué que les diverses associations et les églises sont souvent démunies et ne savent pas comment réagir lors de telles situations.
Voici quelques éléments de la formation donnée aux associations sportives, aux églises et aux associations de loisirs qui sont d’accord de se pencher sur cette thématique. Certains des points évoqués ci-dessous semblent évidents, mais il faut y avoir pensé au préalable ! D’expérience, nous savons que lorsqu’une association est confrontée à une situation d’abus les bons réflexes et le bon sens disparaissent à cause de l’effroi suscité par la révélation d’abus.
Que faire en cas de soupçons ?
Nous parlons de soupçons tant que les responsables d'une association n'ont pas observé de faits concrets mais sentent qu'une situation devient délicate. Personne n’a été mis en cause par l’enfant.
Si l'enfant se confie ou met en cause un adulte ou si les faits démontrent qu'un abus (au sens des articles 187/188/189/197 du code pénal) a été commis, alors il faut dénoncer l'abus (nous en parlerons dans la suite du texte)
Exemples de soupçons : Lors d'un camp, un responsable est mal à l'aise car il remarque qu'un moniteur est très proche d'une adolescente. En discutant avec d'autres responsables, il se trouve que ce n'est pas la première fois que ce moniteur a un comportement similaire.
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Prendre les soupçons au sérieux. Les interrogations que l’on se fait ne viennent pas de nulle part, mais démontrent un malaise par rapport à une situation particulière.
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Garder son calme et éviter de se précipiter. Il est essentiel de ne pas mélanger action et précipitation. Les malentendus ou les mauvaises interprétations existent.
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Prendre des notes (noter objectivement les faits, les heures, les lieux). Il peut s’avérer très utile de noter ce que l’on a observé (c'est-à-dire les faits sans les interpréter). Cela permet d’avoir un œil clair sur ce qui s’est réellement passé (par exemple en cas d’une confrontation future avec la personne soupçonnée).
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Ne pas parler directement des soupçons ni à l’enfant ni à l’adulte mis en cause car si l’enfant est réellement victime mais qu’il n’est pas prêt à parler, il risque de se refermer sur lui-même. Quant à l’adulte mis en cause, il pourrait rapidement faire pression sur l’enfant pour qu’il se taise.
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Si les soupçons ou comportements inadéquats perdurent mais sans confirmation d’abus sexuel, ne pas rester seul et prendre conseil auprès de son responsable ou de son organisme afin de savoir comment clarifier la situation. Dans ces cas là, l’association mira fait aussi office de centre de conseil que l’on peut appeler.
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Si les soupçons se confirment, c'est-à-dire que l'enfant ou quelqu'un d'autre a parlé/dénoncé des actes, ou alors qu’il s’agit de faits et non plus de soupçons, il faut signaler/dénoncer l’abus aux autorités compétentes.
Que faire en cas d’abus sexuels avérés ?
Il est important que chaque association ait un schéma d’intervention préalablement défini pour savoir comment agir dans ce genre de situation. Il existe un schéma d’action très simple que chaque association peut suivre:
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Si l’enfant raconte que l’abus a été commis dans le cadre de l’association, il faut appeler un responsable de l’association qui avertira les parents de l’enfant. Ce sont les parents ensuite qui porteront plainte, mais rien n’empêche l’association de signaler le/la collaborateur/trice aux autorités.
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Si un enfant se confie en expliquant que l’abus a été commis dans le cadre familial, il faut appeler un responsable de l’association qui contactera soit l’autorité compétente (selon les cantons, soit le service de protection des mineurs ou les autorités tutélaires) soit la police.
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En tout temps les parents sont responsables de la sécurité de leur enfant.
Une fois les autorités compétentes averties (police, protection de la jeunesse etc.) c’est à elles de continuer le processus.
Comment réagir si un enfant se confie ?
Comme le moniteur ou l’entraîneur est souvent une personne importante pour l’enfant, il peut arriver que ce soit lui qui reçoive en premier les dires de l’enfant. Voici quelques considérations à garder en tête si un enfant vient se confier. Le schéma d’intervention qui découlera des dires de l’enfant sera différent selon que l’enfant met en cause un collaborateur de l’association ou un de ses parents (voir point précédent).
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Ne pas se laisser entraîner dans le secret
Si un enfant vient se confier et commence en disant « j’ai un secret à te dire », il faut lui faire comprendre gentiment mais clairement qu’il y a des « bons et des mauvais secrets » et qu’en aucun cas on ne peut lui promettre le secret selon ce qu’il aura à révéler.
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Croire l’enfant
Il est essentiel que l’enfant se sente cru. Lorsqu’il vient se confier, il est important de le féliciter d’avoir parlé. Même s’il on est horrifié par ses dires, il ne faut pas se laisser emporter par ses propres sentiments.
Lorsque l’enfant vient se confier, il est important de lui demander de préciser ses dires (mais sans les remettre en question). Exemple : un enfant dit lors d’un camp « le moniteur D. m’a touché le zizi». Lorsque les responsables de l’association demandent à l’enfant de préciser ce qui s’est passé, l’enfant raconte qu’il avait sa fermeture éclaire coincée. Le moniteur D. a essayé de l’ouvrir et a malencontreusement touché le pénis de l’enfant. Ainsi, croire l’enfant oui, mais toujours lui demander de préciser ce qu’il dit.
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Garder la confiance de l’enfant, c'est-à-dire ne pas faire de fausses promesses
Eviter de promettre des choses que l’on ne peut pas tenir soi-même. Par exemple éviter de lui dire que ses parents ou que la personne incriminée ne seront pas mis au courant. Eviter également de lui dire « tu verras tout se passera bien ». Il s’agit d’une phrase que l’adulte dit surtout pour se rassurer lui-même. Lors d’une allégation d’abus sexuel, personne ne peut dire comment évoluera la situation.
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Ne pas ébruiter les confidences
Il est important de rester discret et ne pas en parler au reste de l’association (sauf aux personnes précisées dans le schéma d’action s’il a été défini au préalable).
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Plus l’enfant est âgé, plus il faut lui dire ce qui se passe et l’intégrer dans le processus
Expliquer à l’enfant dans la mesure de ce qu’il comprend, les démarches que l’on va effectuer.
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Éviter toute intervention personnelle
Le rôle de la personne qui reçoit les dires de l’enfant est de le soutenir et non pas d’essayer de savoir si ce qu’il décrit est vrai. Une fois que l’enfant a parlé, il n’appartient à personne d’autre qu’à la police et à la justice de savoir si les dires sont véridiques ou non. Ainsi, lors d’allégations d’abus sexuels, c’est à la police d’avertir la personne mise en cause par l’enfant.
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Dans tous les cas, dès que l’enfant a parlé, il faut :
Selon les cas, soit prendre contact avec les parents, soit avec les autorités compétentes et continuer de soutenir l’enfant.
Pour conclure
Quelques questions à vous poser (et à poser) en tant que parent ayant un enfant dans une association :
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Savez-vous si les questions des contacts physiques et des abus sexuels ont été abordée dans l’association de votre enfant ?
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Savez-vous si l’association de votre enfant a un schéma d’intervention en cas de soupçons ou d’abus sexuels avérés ?
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Connaissez-vous les contacts physiques spécifiques au domaine d’activité de votre enfant ? (geste d’apprentissage ou de sécurité)
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