Notre expert
Briser le silence : le harcèlement dans la fratrie, un tabou familial

Quand on parle de harcèlement, on pense souvent à l’école, au travail ou aux réseaux sociaux. Pourtant, une forme de harcèlement bien plus proche de nous, souvent invisible, sévit dans de nombreux foyers : le harcèlement entre frères et sœurs. Trop souvent banalisé, il peut pourtant laisser des traces profondes chez ceux qui en sont victimes.

Des disputes à la violence : où est la limite ?

Dans toutes les familles, il est normal que les enfants se disputent. Mais lorsque les conflits deviennent répétés, déséquilibrés et destructeurs, on peut parler de harcèlement. Moqueries incessantes, humiliations, coups, exclusion, menaces, manipulation psychologique, chantage… Autant de comportements qui, lorsqu’ils sont subis de manière chronique par un enfant de la part d’un frère ou d’une sœur, constituent une véritable violence intrafamiliale.

« C’est normal entre frères et sœurs » : une excuse dangereuse

Nombreux sont les parents qui minimisent ce type de violence. Par fatigue, manque d’information ou refus de voir la réalité, ils interprètent ces comportements comme une simple rivalité fraternelle. Pourtant, le harcèlement entre frères et sœurs peut être aussi traumatisant que celui subi à l’école.
  
Clara, 41 ans, témoigne :
« Mon frère aîné me rabaissait constamment. Il se moquait de moi, m’insultait régulièrement, menaçait de me frapper si je parlais à mes parents, me faisait du chantage. Mes parents me disaient que j’étais trop sensible. Aujourd’hui encore, je manque de confiance en moi à cause de ça. »

Les causes de ce harcèlement familial

Plusieurs facteurs peuvent provoquer ce type de violence :

  • La jalousie ou la rivalité pour l’attention des parents.
  • Des schémas éducatifs violents ou déséquilibrés.
  • Un enfant souffrant lui-même d’un mal-être ou reproduisant des comportements observés à l’extérieur (école, médias, etc.).
  • Un manque de régulation parentale, où l’enfant agressif n’est pas recadré.

Des conséquences lourdes et durables

Les effets du harcèlement fraternel ne s’arrêtent pas à l’enfance. De nombreuses études montrent qu’il peut entraîner :

  • Une baisse de l’estime de soi.
  • De l’anxiété, de la dépression, des troubles du sommeil.
  • Des difficultés relationnelles à l’âge adulte.
  • Une culpabilité ou une honte profonde, car il est difficile de reconnaître qu’un membre de sa propre famille a pu nous faire du mal.

Le rôle essentiel des parents et des adultes

Il est essentiel que les parents ne ferment pas les yeux. Voici quelques pistes d’action :

  • Observer les interactions entre enfants avec attention.
  • Instaurer des règles claires sur le respect et la non-violence.
  • Ne pas minimiser les plaintes, même si elles semblent exagérées.
  • Valoriser l’empathie, la coopération, l’écoute au sein de la famille et de la fratrie.
  • En cas de doute, consulter un professionnel (psychologue, médiateur familial).

Et pour ceux qui en souffrent ?

Si tu es ou as été victime de harcèlement dans ta fratrie, sache que tu n’es pas seul.e.
Il est important d’en parler à un adulte de confiance, à un thérapeute, à un.e ami.e. Le simple fait de mettre des mots sur ton vécu peut déjà être un soulagement.
Il existe aussi des associations et ressources qui peuvent t’écouter, t’orienter et t’accompagner dans la reconstruction.

Commentaires





Coups de coeur de la semaine

A lire
Nos partenaires