Pour que les adultes et les jeunes puissent continuer à avoir des rapports chaleureux et sains entre eux, il est essentiel de parler des contacts physiques dans chaque association.
Les contacts physiques sains[1] préviennent les risques de dépassement de la sphère personnelle des jeunes et préviennent les risques d’abus sexuels.
Parler des contacts physiques permet à tous les membres d’une association de se sentir protégés, tant les enfants/adolescents que les adultes.
1. Parce qu’il y a des risques spécifiques dans toutes les associations.
Les risques et les situations délicates ne sont pas les mêmes dans un club de foot, une association de gymnastique, une école de musique, un groupe de scouts ou un groupe de jeunes dans une église (douches, entraînements individuels, massages, camps, mélange des âges, mixité…etc.)
Pour savoir si un contact physique est inapproprié, il faut déjà savoir quels sont les contacts physiques spécifiques « normaux ».
Dans chaque type d’association, il y a des gestes spécifiques essentiels pour l’apprentissage ou la sécurité. Il faut que les dirigeants des associations de loisirs expliquent aux parents ce qui est normal dans leur activité.
Exemple de situation où la communication sur les gestes physiques spécifiques n’a pas été couronnée de succès entre un club et les parents:
un parent téléphone prend contact car il voit qu’à chaque entraînement de trampoline, l’entraîneur monte sur l’engin avec les enfants et saute avec eux en les tenant par les hanches. Le parent se demande si un « assurage » de cette manière est bien indispensable.Ce genre de méconnaissance spécifique ou de mauvaise communication peut entraîner soit des erreurs d’interprétation (un parent qui comprend mal un geste spécifique essentiel) soit faire qu’on ne remarque pas qu’un enfant est réellement abusé.
Dans le cas présent, après discussion avec d’autres entraîneurs de gymnastique, il était clair que cet assurage n’était pas adéquat (et ce n’était pas le seul comportement inadéquat de cet entraîneur).
2. Parce qu’il y a dans chaque association des jeunes qui ont été ou qui sont encore concernés.
Ainsi, les abus sexuels existent aussi dans les associations sportives et de loisirs. Malheureusement beaucoup d’association ne semblent pas prêtes à vouloir prendre ce risque en considération.
Régulièrement nous entendons des entraîneurs ou des responsables d’association nous dire :
« Chez nous cela n’existe pas!»
Si on commence à parler des contacts physiques et explicite ce qui est acceptable de ce qui ne l’est pas, cela va permettre de lever le tabou de l’abus sexuel. Ce voile qui se lève pourra permettre à des jeunes qui sont encore concernés (ou qui ont été concernés) d’oser s’exprimer sur ce qu’ils vivent (ou ont vécu).
3. Pour ne pas être démuni en cas de soupçons ou en cas d’abus sexuels avérés
Lors de cas de soupçons ou lors de cas d’abus sexuels avérés l’association se retrouve souvent démunie et ne sait pas comment gérer la situation. Malheureusement, par le passé, des associations ont décidé de ne pas croire les enfants ou pire encore ont décidé de ne rien faire du tout ! Ceci a eu comme effet que des générations d’enfants ont pu se faire abuser en toute impunité.
Mettre en place une prévention des abus sexuels dans une association, c’est aussi informer tous les membres de l’association de quelle sera la marche à suivre en cas de soupçons ou en cas d’abus sexuels avérés. Ceci aura comme effet que les situations ne seront plus étouffées par loyauté ou lâcheté (parce que l’auteur présumé était l’entraîneur phare du club ou le meilleur ami du président …) et que personne ne pourra dire qu’il n’était pas au courant.
4. Parce que les associations sont des cibles pour des individus à tendance pédosexuelle[2]
Les associations de loisirs et les églises ont besoin d’adultes qui encadrent, entraînent et s’occupent des enfants ou des adolescents, or, il est de plus en plus difficile de trouver des encadrants. Souvent, dès qu’un adulte se montre intéressé à s’occuper d’enfants il est rapidement engagé. Pour un individu souhaitant abuser d’enfants, de telles associations sont une aubaine.
Nous sommes convaincus que la sécurité des enfants ne devrait jamais être subordonnée au besoin d’encadrants. Ainsi, lors de tout ‘engagement’ d’un nouvel adulte, il est essentiel que les dirigeants des associations s’informent auprès des « précédents employeurs » du nouvel arrivant.
Vous, parents, que pouvez-vous faire?
Enfin :
Il n’existe pas de symptômes types qui prouvent à coup sûr qu’un enfant a été ou est abusé sexuellement. Mais si cela devait malheureusement être le cas pour votre enfant, vous parents, seriez les plus à mêmes de le constater. Un changement de comportement sans motif apparent ; des questions inhabituelles ; une différence dans sa proximité/distance par rapport à vous ; un rejet d’une personne significative sans raison ; des problèmes soudains de sommeils, d’hygiène ou d’alimentation peuvent être le signe d’un abus sexuel (mais à nouveau cela peut aussi être le signe d’autre chose, donc il faut rester prudent quant à leur interprétation).
Dans tous les cas, faire savoir explicitement à votre enfant qu’il peut en tout temps venir se confier à vous, ne pas avoir de tabous et être accessible restent les meilleurs moyens pour votre enfant d’oser venir vous parler de ce qu’il vit.
[1] Pour rappel des contacts corporels sains partent d’un souhait et d’un accord partagés par les deux parties et s’effectuent dans un contexte relationnel clair
[2] Une personne à tendance pédosexuelle est un homme ou une femme qui a des désirs pédophiles et qui a (ou qui souhaite avoir) des relations sexuels avec des enfants. Une personne pédophile, est un homme ou une femme qui a des désirs sexuels plus ou moins forts à l’égard des enfants mais qui ne passera pas forcément à l’acte.
Commentaires