La fausse couche est une expérience principalement féminine car la femme vit dans son corps la perte de son bébé. On parle rarement des hommes. Or la fausse couche a également un impact profond sur eux, ces hommes touchés qui se livrent dans ma consultation.
La plupart d’entre eux ressentent un choc puissant et une tristesse intense lorsqu'ils apprennent la perte de leur bébé. La fausse couche peut être dévastatrice pour ceux qui s'étaient déjà imaginés dans leur futur rôle de père et avaient faits des projections sur leur enfant : prénom, aménagement de la chambre, annonce aux proches, etc.
Les hommes se sentent souvent impuissants face à la fausse couche que vive leur compagne, incapables de l’aider ou de la soutenir de manière significative ou adéquate. Ce sentiment d'impuissance peut être accentué par le manque de contrôle sur la situation car ils sont à côté d’elle et ne vivent pas cette expérience dans leur corps.
Il existe encore une pression sociale sur les hommes pour qu'ils soient forts, ce qui peut en amener certains à réprimer leurs émotions. Ils retiennent leur chagrin de peur de ne pas paraître suffisamment soutenants et à la hauteur. Le risque est l’isolement, et à terme, la manifestation d’affects dépressifs.
Or, comme les femmes, ils peuvent ressentir le besoin de soutien émotionnel. Il est important qu’ils puissent se tourner vers des proches à qui ils pourront parler ouvertement de leurs sentiments, sans se sentir jugés ; vers des hommes qui ont vécu la même épreuve – ce qui est très souvent réconfortant ; vers des professionnels formés ou encore des groupes de soutien. Par ailleurs, il est important de ne pas négliger le corps. Faire du sport, du yoga ou des massages est très bénéfique.
La fausse couche peut mettre la relation de couple à l’épreuve. Certains d’entre eux vont se rapprocher et se soutenir mutuellement, tandis que d'autres ne parviendront pas à communiquer, à mettre des mots sur leurs ressentis. L’un ou l’autre des partenaires va se renfermer et traverser seul.e la douleur de la perte de son enfant. Les silences et les non-dits occasionnent des malentendus et des tensions accrues. La communication ouverte et le soutien mutuel sont essentiels pour traverser cette épreuve. Un accompagnement psychologique conjugal est recommandé.
La création en couple d’un rituel de deuil, comme par exemple écrire une lettre, lire un poème ou un texte religieux, confectionner un objet pour se rappeler du bébé, allumer une bougie, organiser une cérémonie, apportera du réconfort aux hommes. Ils se sentent ainsi proactifs, ce qui dissipe le sentiment d’impuissance.
Avec le temps, ils disent trouver des moyens de se reconstruire et de retrouver de l'espoir pour l'avenir. Se projeter dans un nouveau projet, quel qu’il soit, demande du temps et de la patience.
Il est fondamental de reconnaître et de valider le chagrin des hommes après une fausse couche. En leur offrant un soutien approprié et en encourageant le dialogue en couple, ils parviennent à traverser cette épreuve douloureuse et à trouver un chemin vers la guérison.
Commentaires