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Décrochage scolaire, un mauvais cycle

Chaque année, des élèves perdent pied à l’école. Une prise en charge personnalisée peut leur redonner l’envie d’apprendre et de se projeter dans le futur.


Hors l’école et les études, point de salut. Censée apporter une solution aux enfants face à un avenir sombre et flou, la scolarité est pourtant devenue une véritable galère pour certains.

« S’ils ne travaillent pas bien, les jeunes que nous recevons dans nos locaux croient qu’ils vont se retrouver à la rue, à l’aide sociale ou terminer délinquants, rapporte Marco Pavarini, responsable de Travail social de proximité - Ginkgo, à Vevey. Ils ont une image peu engageante du futur que leur renvoient les adultes et se disent à quoi bon continuer dans ces conditions. »

A l’échelle nationale, la rupture scolaire touche environ 4% des élèves et provoque chez eux démotivation et stress.

« Face aux évaluations ainsi qu’à une demande de performance pour répondre aux attentes scolaires, ils ressentent une forte pression pouvant amener parfois jusqu’à des anxiétés sociales, observe Eveline Ziehli, responsable du CMPTJ, à Martigny. Avec le projet-pilote de lutte contre la rupture scolaire mené par le canton du Valais et qui s'adresse à des jeunes entre 11 et 15 ans, l’enjeu est de leur faire prendre conscience de leurs ressources afin d’aller au-delà de leurs blocages, de leurs peurs, voire de leurs angoisses. »

Le décrochage scolaire a de multiples causes dont quelques-unes, dans la cellule familiale même – déménagement, séparation, décès. Il est également question du rythme d’apprentissage, de harcèlement ou de la perte de sens. Pour toutes ces têtes qui dépassent du cadre (scolaire), davantage d’écoute et de bienveillance sont nécessaires.

Sésame, rouvre-toi !

Au CMPTJ, on ne possède pas de baguette magique, mais on s’appuie sur une équipe pluridisciplinaire comprenant deux enseignantes spécialisées, deux psychologues et une éducatrice pour faire raccrocher les élèves.

« En plus des matières comme le français ou les maths, nous mettons l’accent sur les capacités transversales, relève Mme Ziehli. Nous agissons aussi auprès des parents et réfléchissons avec les jeunes qui doivent être acteurs de leur projet. »

En groupe, le CMPTJ aborde des notions telles que la confiance en soi, la gestion des émotions, les compétences psychosociales, les mécanismes du cerveau et prend en compte le fonctionnement de chacun. Accorder du temps, être disponible, impliquer la famille sont autant de leviers oubliés par le système scolaire classique.

« Les enseignants ne sont pas toujours soutenants et la relation avec les parents peut être tendue, note M. Pavarini. Au lieu de se rejeter la responsabilité de l’échec, c’est un combat à mener ensemble. »

Beaucoup de décrocheurs retrouvent le chemin de l’école ou de l’apprentissage après un passage dans ces institutions relais où ils ont clarifié leurs perspectives. Plus tôt le décrochage scolaire est identifié, plus la prévention sera efficace. Des signes avant-coureurs – absentéisme, troubles somatiques, maux de ventre… – doivent alerter les parents sur les difficultés que vit leur enfant. Quelles que soient ses notes, ils sont tenus de le soutenir, de lui transmettre des valeurs et de lui montrer une voie même si ce n’est pas celle qu’il choisira en définitive.

François Jeand’Heur

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