Dre Marine Jequier – Echanger sur la maladie, dire ce qu’il se passe est fondamental, quel que soit l’âge de l’enfant. Du nourrisson à l’adolescent, l’enfant ressent intuitivement les choses. Après, il faut trouver les mots et savoir quand les dire. Dans chaque famille, cela peut être différent, car la façon de communiquer n’est pas la même.
Ça va être clair et limpide chez certaines personnes quand d’autres vont prendre plus de temps, vont absorber le choc ou passer par une phase de colère. Chaque femme réagit en fonction de sa propre intimité et n’a pas à se forcer. La communication doit déjà s’établir dans le couple ou dans le cas où la mère est seule, avec ses proches ou avec des professionnels de santé auprès de qui elle peut demander des conseils.
La maladie va avoir des répercussions sur la vie de famille et si on ne lui dit rien, l’enfant va penser que c’est peut-être à cause de lui ou alors il va se sentir déconsidéré. Les adultes ont tendance à croire que les enfants ont moins de compétences qu’ils n’en possèdent vraiment. C’est la raison pour laquelle il faut toujours les inclure dans ce type d’événement.
Selon l’âge, la sensibilité, on peut ajuster l’information, ne pas rentrer dans les détails, choisir des mots simples du genre « Maman est malade et va suivre un traitement. Elle va rester à la maison le temps de se reposer avant de retourner travailler ». L’important est de donner une vision globale de ce qui arrive de sorte que l’enfant puisse anticiper et être ainsi moins anxieux.
Il faut prévoir les deux, un moment où les enfants sont tous mis au courant en même temps et après suivant les questionnements de chacun et leur degré de développement, apporter des réponses adaptées à leur âge et à leur capacité émotionnelle.
Dans une première annonce, on peut s’en tenir aux généralités. Ensuite, dans le long processus du traitement, on peut continuer d’échanger sur les effets de la maladie ou sur les soins suivis en trouvant des moyens d’alléger, de détourner les explications afin d’éviter de traumatiser l’enfant. Pour la perte des cheveux si cela survient, on peut dire qu’on va les couper, car ils sont fatigués ou qu’on va en choisir d’autres plus jolis en parlant d’une perruque. L’essentiel étant que la femme soit en accord avec elle-même et suffisamment à l’aise dans le rapport qu’elle entretient avec son corps pour en parler.
Aujourd’hui, le cancer du sein se traite et se guérit. Il n’est pas utile d’évoquer le taux de guérison à cinq ans ou des statistiques qui restent des chiffres et qui ne concernent pas forcément la maman dans l’immédiat. Mieux vaut avancer par étapes et déjà penser à ce qui change dans le présent, dans l’organisation de la vie de tous les jours.
La réaction de l’enfant est plus ou moins apparente. Il peut se demander s’il va continuer d’aller à l’école, quel impact cela va avoir sur son quotidien. Chez l’adolescent·e, si l’on observe une sorte de détachement, cela ne veut pas dire qu’il ne se passe rien. On peut en parler avec lui ou avec elle plus longuement, se faire accompagner durant cette période. De même, si les parents ont peur de se retrouver face à leurs enfants dans cette situation, ils peuvent chercher du soutien, de l’aide auprès de leur pédiatre, d’un pédopsychiatre.
Centre médical de Vidy
Route de Chavannes 11
1007 Lausanne
Tél. 021 622 88 88
www.vidymed.ch
La ligue contre le cancer - Cancer : comment en parler aux enfants ?
https://boutique.liguecancer.ch/files/kls/webshop/PDFs/francais/cancer-comment-en-parler-aux-enfants-022039102111.pdf
Parfois maman est fatiguée - Un livre pour les enfants sur le cancer du sein
https://shop.emh.ch/products/parfois-maman-est-fatiguee
Un beau livre très délicat qui exprime concrètement la bataille d’une maman face à la maladie mais avec ce qu’il faut d’images pour parler aux enfants et en tirer des enseignements positifs.
Une délicatesse des textes et des illustrations qui en fait un livre référence sur le sujet.