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Violence et adolescence

La violence de nos ados, inévitable?

Face aux dérapages, aux actes violents des enfants et des adolescents, il est indispensable d’instaurer des règles fermes et des limites claires. 

Violence et rapports de force

A intervalles réguliers, les médias se font l’écho de violences entre jeunes. Bagarres, harcèlement, bizutage, racket, les adultes semblent (re)découvrir à chaque fois un monde sans pitié où les coups et les insultes pleuvent. 
En pleine construction d’identité, la violence est un moyen radical de s’imposer aux dépens des autres.
Dans cette logique, c'est celui qui frappe, qui menace qui est le plus fort. Moqueries, questions d’honneur, histoires de cœur, les motifs « d'embrouille » pouvant déboucher sur des conflits, sont nombreux. Y compris au sein même des familles. 

« Les parents ont honte et n’osent pas se confier quand ils se font maltraiter par leur enfant, rapporte Gaëlle Sauthier, avocate et directrice du Centre pour la représentation et la protection de la personne*, à Lausanne. Ils expliquent que ça se passe mal à la maison jusqu’à ce que l’’on découvre une mère terrorisée, malmenée par un enfant qui lui crie dessus, lui ment et la tape. » 

Le fils qui s’élève contre sa mère est une situation que l’on retrouve notamment dans les familles monoparentales. 
« Certaines mères seules vont laisser la place vacante du père à leur fils, l’investir d’un rôle qui n’est pas le sien, observe Mme Sauthier. C’est une prise de pouvoir qui peut se retourner contre elle et poser aussi des problèmes avec les frères et sœurs du foyer. » 

Dans d’autres cas, on enregistre un défaut d’autorité criant de la part de parents qui travaillent beaucoup, qui disent oui à tout par culpabilité et contribuent ainsi à l’inversion de la hiérarchie familiale.

Les histoires d’amour commencent mal parfois

A Lausanne, à Neuchâtel, des études de l'Institut universitaire de médecine sociale et préventive révèlent que la moitié des couples d'adolescents et de jeunes se déclare victime de violences ou d'abus de la part de son ou de sa partenaire. Dans le but de leur faire prendre conscience des limites acceptables ou non dans une relation, les établissements scolaires valaisans ont généralisé le programme « Sortir ensemble et se respecter ». 

Ce cours spécifique sur les rapports de couple est désormais systématique pour tous les élèves en dernière année d’enseignement obligatoire.

« A 14-15 ans, même s’ils ne sont pas avec quelqu’un, c’est un sujet qui les intéresse, remarque Anne Remy Tritz, éducatrice en santé sexuelle au centre SIPE (Sexualité, Information, Prévention, Education), à Martigny. Après tout, la question du respect s’applique aussi aux relations amicales et autres. »

Pour apporter une définition la plus juste possible de la violence, l’animatrice est accompagnée d’un autre professionnel, un éducateur social ou un policier. Selon les classes visitées et l’ambiance qui y règne, les échanges sont plus ou moins fructueux.

« En fonction de l’attitude de leaders positifs, ouverts ou bien à l’inverse machos, aux idées stéréotypées, la parole est plus au moins libre ou verrouillée, constate Mme Remy Tritz. On espère dans tous les cas que cela leur serve à quelque chose plus tard. »

Au fil de la matinée sont abordés différents aspects de la violence, des plus petites choses aux plus graves. Réseaux sociaux, jalousie, contrôle, pornographie, les animateurs passent en revue des situations concrètes sur lesquelles les élèves doivent réagir.  

  • « Il/elle me demande des photos de moi nu·e »,
  • « Je vais surveiller son téléphone pour voir si il/elle me trompe »,
  • « Je me fâche quand il/elle passe du temps avec d’autres personnes » ....

Telles sont quelques-unes des questions posées sur le principe du « feu tricolore » – vert : d’accord, orange : ça dépend, rouge : pas d’accord. Les sensibilités n’étant pas les mêmes d’un individu à l’autre, le but est que chacun·e sente quand ça va trop loin et sache se positionner en conséquence.

L’apprentissage du respect

Qu’on le veuille ou non, la violence s’invite dans les relations humaines, au travail, sur nos écrans, sur les réseaux sociaux. Pour les enfants qui reproduisent ce qu’ils vivent, ce qu’ils voient, les adultes et encore plus les parents servent de modèles, de repères.

  • S’ils sont victimes ou témoins de violence familiale, d’abus de pouvoir, ils sont susceptibles d’imiter ce genre de comportement.

  • A opposé, s’ils ne connaissent pas la frustration, si les parents veulent éviter les conflits en étant trop conciliants, un sentiment de toute-puissance peut également les mener vers des formes de violence physique, psychologique ou sexuelle.

Tout comme dans le monde des plus grands, les jeunes se confrontent et s’affrontent. Là aussi, la communication, l’écoute des besoins de l’autre peuvent éviter les écueils de la violence. Trouver les mots à mettre sur des émotions qui débordent est une façon de désamorcer les tensions.

La prévention de la violence commence dès la petite enfance et s’intègre progressivement dans la durée. Sinon comment imaginer raisonner un ado menaçant, irrespectueux à qui l’on n’a jamais rien dit ou refuser avant ?

Qu’ils se déroulent en famille, à l’école, avec son copain ou sa copine, les conflits ne sont jamais des moments agréables, mais ils sont l’occasion de tout remettre à plat, de clarifier, de lever les malentendus et de repartir sur de nouvelles bases. Même sous le coup de la colère, la violence n’est pas la bonne solution et la raison du plus fort n’est pas la meilleure, car vaincue par l’intelligence et le dialogue.

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