Son fondateur Jean-Jacques Martin, nous décrit un enseignement qui s’appuie sur la neuropédagogie.
La Family – Qu’apportent les recherches scientifiques en matière d’éducation scolaire ?
Jean-Jacques Martin – Aujourd’hui, grâce à la science, aux neurosciences en particulier, on connaît mieux comment le cerveau fonctionne, comment il active certaines capacités d’apprentissage.
En quoi ces connaissances peuvent être utiles pour un élève ?
Elles nous aident à déterminer quelle charge cognitive il est capable de supporter. Nous pouvons progressivement lui apprendre à assumer une quantité plus importante de travail scolaire sans se surcharger, de sorte qu’il puisse répondre aux critères d’exigence scolaire et aux examens à venir.
Vous-même chercheur en neurosciences cognitives, appliquez des méthodes scientifiques au sein de l’école Nemesis ?
Au fil de nos recherches, nous avons en effet développé depuis une dizaine d’années un programme informatique, qui nous permet d’établir un profil cognitif pour chaque élève.
Dans quel but ?
Il s’agit de mieux comprendre les stratégies d’apprentissage mises naturellement en place par l’élève et de savoir comment activer et augmenter ses compétences.
Les élèves ont besoin d’être « reprogrammés » ?
Le terme est trop fort. Force est cependant de constater qu’une importante mise à niveau est nécessaire dans chaque classe en début d’année scolaire. Les jeunes qui arrivent dans notre école ont en effet chacun une expérience de vie et des niveaux de connaissances très différents, acquis par le biais de parcours scolaires et personnels variables. Nous devons tenir compte de ces différences dans notre enseignement. Grâce au test BrainCore, nous gagnons du temps en connaissant la stratégie d’apprentissage mise en place par chaque étudiant dès le départ. L’enseignant peut ainsi plus aisément individualiser son enseignement : optimiser ce qui marche bien chez eux et combler les lacunes.
En quoi consiste ce test ?
En début de scolarité, nous soumettons l’élève à un questionnaire en ligne, composé d’une centaine de questions adaptées à son âge et auxquelles il doit répondre en 15-20 minutes.
C’est très rapide, non ?
C’est suffisant. L’élève a cinq possibilités de réponse qui s’échelonnent simplement du plus (« tout à fait d’accord ») au moins (« pas du tout d’accord »).
Et sur quoi portent les questions ?
Sur son attitude face à l’effort, ses préférences de travail, ses habitudes, son organisation, ainsi que sur l’image qu’il a de lui-même.
Que se passe-t-il après ?
Les réponses une fois traitées par le Machine Learning – technologie d’intelligence artificielle –, nous déduisons que tel trait cognitif d’un élève entraîne probablement un certain type de problématiques. Nous pouvons alors enclencher les solutions adaptées afin que l’élève progresse et gagne en confiance.
On peut parler de profilage ?
Il s’agit plutôt de typologie de comportements ou de catégories d’apprenants. Nos recherches nous ont permis d’en définir huit.
Un exemple de catégorie ?
Par exemple, nous avons celle des magiciens qui donnent l’illusion de comprendre. Ils participent et posent des questions en classe, mais échouent aux examens parce qu’ils n’activent quasiment jamais un travail de répétition ou de prise de notes pour intégrer les leçons dans la mémoire à long terme.
L’enseignant va veiller à rectifier le tir ?
En effet, il va vérifier que l’élève prenne bien des notes et fasse ses devoirs. Il ne se laissera pas leurrer par sa seule attitude participative en classe. Grâce à notre système, l’enseignant est informé avant même de débuter l’année car il a une connaissance détaillée des profils des élèves de sa classe.
Ce test ressemble-t-il à un bilan de compétences avec les forces et faiblesses de l’élève ?
Il est plus complet. En plus de l'évaluation psychométrique fournie par un bilan de compétences classique – qui cerne la personnalité et les motivations –, le test que nous avons développé propose des solutions pour améliorer la capacité d’apprentissage.
Personnalité, aptitudes, le test n’enferme-t-il pas l’élève dans des cases trop rigides ?
Si son profil nous aide à comprendre les généralités comportementales, l’élève possède également des valeurs spécifiques qui le situent individuellement. Nous ne l’enfermons donc pas dans une catégorie, ce qui serait du point de vue pédagogique contraire à notre objectif.
Ces données évoluent durant sa scolarité ?
Les notes, les rapports viennent nourrir le profil de l’élève et valider l’efficacité de la stratégie appliquée. Si nécessaire, nous pouvons la modifier ou en changer.
C’est une sorte de tableau de bord pour l’enseignant ?
Exactement, l’enseignant a une vue d’ensemble de sa classe, ce qui lui permet d’ajuster son intervention pour gagner en efficacité pédagogique. Pour l’élève, c’est un moyen de comprendre ses échecs, de mettre en place de nouvelles stratégies d’apprentissage et de repartir sur de bonnes bases. Enfin pour les parents, c’est aussi un outil précieux qui les oriente et les guide dans la manière de soutenir leur enfant dans son parcours scolaire.
Justement, que pensent les parents de ces méthodes neuropédagogiques ?
Ils prennent petit à petit conscience que le défi pédagogique du 21e siècle n’est pas celui de leur époque. Pour leur expliquer notre méthodologie, nous organisons tous les ans des conférences sur les outils scientifiques que nous développons avec notre équipe internationale de recherche en neuropédagogie et psychologie.
Qu’est-ce qui a changé entre les générations ?
Les valeurs liées à l’éducation dans les années 60-70 ne sont plus du tout adaptées au monde d’aujourd’hui. La société s’est accélérée, nous sommes bombardés d’informations, les enfants s’éduquent avec des outils pas toujours bienveillants, aux contenus pas toujours authentiques et manquent de points d’ancrage pour se construire émotionnellement et intellectuellement. Les parents sont bien souvent eux-mêmes en perte de repères, car ils sont confrontés à de nouvelles exigences dans leur univers professionnel. Ils réalisent que nous vivons dans une nouvelle ère, qui exige de nouvelles compétences pour leurs enfants.
Quelles sont ces nouvelles compétences ?
Il faut encourager les jeunes à acquérir les compétences phares du 21e siècle, à savoir l’esprit critique pour réfléchir de manière logique, la créativité pour trouver des solutions, l’aptitude à coopérer et à communiquer pour travailler ensemble. Ces compétences sont clé pour résoudre des problèmes et donc créer de la valeur sur le plan économique, ce que les machines ne pourront pas faire.
Et l’école Nemesis est en mesure de leur offrir tout ça ?
En tant qu’école privée, c’est notre rôle et notre vocation de proposer une réelle alternative aux parents. Ma philosophie est de développer l’autonomie et l’esprit critique chez nos étudiants, mais aussi leur plaisir à apprendre. Ces compétences leur ouvrent un champ infini de possibles quant à l’avenir.
Ecole Nemesis
Avenue du Crochetan 3, Monthey.
Tél. 024 471 32 31
www.ecoles-nemesis.ch
secretariat@ecoles-nemesis.ch
La prochaine conférence de Jean-Jacques Martin sur la neuropédagogie aura lieu le mardi 4 octobre 2022 à 15h00 à l’Espace Innothèque, Foire du Valais à Martigny.
Formulaire d’inscription en ligne :
Ou par mail à s.wenger@ecoles-nemesis.ch
Commentaires