Vous vous demandez peut-être comment ces deux termes « haut potentiel » et « échec scolaire » peuvent être associés ainsi ?
Certes, jusque-là, les petits génies avaient des lunettes et réponse à tout et les cancres des pantalons troués et un air espiègle. Et si l’on vous disait que, au-delà de ce cliché, ces deux typologies d’enfant n’étaient, peut-être même, que deux facettes d’une même réalité ?
L’enfant « surdoué » a plusieurs visages, en voici quelques-uns :
Celui réussit dans tous les domaines avec une grande facilité est plutôt rare.
Celui qui est « hyper fort » dans une matière et mais qui peine à atteindre la moyenne dans d’autres branches.
Celui qui ne sort pas du lot, avec des résultats proches de la moyenne (stratégie courante pour ne pas être l’« intello » de la classe)
Celui qui est en échec scolaire.
L’enfant à haut potentiel et en échec scolaire est, bien souvent, un enfant qui n’a pas été identifié comme tel par un spécialiste. Privé de son « mode d’emploi », il cherche à s’identifier dans les yeux des autres sans toutefois y parvenir : son besoin de sens, son refus d’appartenir à un groupe, son désintérêt pour la mode et ce qu’il estime superficiel, sa conscience souvent très aigüe des problématiques écologiste et éthique, font de lui un ado très particulier.
Être un individu à haut potentiel n’exclut pas le fait d’avoir un ou des troubles des apprentissages.
En effet, l’association HP et dyslexie, par exemple, est fréquente. Cette combinaison peut retarder voire empêcher aussi bien le diagnostic de la dyslexie que l’identification du haut potentiel : la possible compensation de la dyslexie grâce aux grandes facultés cognitives de l’élève est énergivore et masque bien souvent le haut potentiel.
Lorsqu’on étudie de près les dossiers scolaires de ces enfants, on peut observer que leur parcours se ressemblent globalement : au cycle primaire, ils font preuve d’une grande facilité assortie d’une mémoire à très court terme très performante. Ils ont souvent de très bonnes connaissances générales qu’ils aiment partager avec la classe. Les commentaires des enseignants évoquent souvent un esprit vif, créatif et curieux, des élèves attachants et sympathiques. Ces élèves-là aiment sentir qu’un lien particulier les lie à leurs enseignants. Et, inconsciemment, bien souvent, ils travaillent non pas pour eux-mêmes mais pour leurs maîtres.
Ils n’ont généralement pas besoin de développer leur sens de l’organisation pour faire leurs devoirs : ce qui doit être fait est vite terminé. Ils n’apprennent ainsi pas à travailler au sens propre du terme. Et comme ils détestent le « bachotage », ils se détournent des apprentissages « par cœur » comme ceux de la conjugaison et des livrets. La lecture ne leur pose pas de problème apparent : les consignes sont souvent données ou complétées par oral.
Ils n’ont, jusque-là, pas eu besoin d’apprendre à apprendre, ni d’apprendre à s’organiser. D’ailleurs, ils ont souvent de vraies difficultés pour anticiper les actions et pour gérer le temps.
Commence alors une période de traversée du désert où l’élève, devenu adolescent – avec tout ce que cela implique –, oublie ou perd son matériel et ne peut donc pas faire ses devoirs. Les premières vraies mauvaises notes tombent. Il est déçu, en colère : mais où est passé cet enfant qui avait tant de facilité ? Il ne se reconnaît plus.
Les enseignants, de leur côté, repèrent cet élève qui manque de structure et qui leur paraît immature. Ils ne se doutent pas qu’il a des problèmes de lecture et de compréhension de consignes car, au primaire, rien de tel n’a été signalé. Mais, pourtant, l’élève décroche peu à peu car il y a trop à lire dans ce nouveau cycle où la lecture n’est plus une fin en soi mais un outil de travail et d’accession au savoir.
Les enseignants essaient de le remettre au travail par quelques injonctions orales mais cela ne suffit pas : l’élève est perdu dans sa tête et dans sa classe. Il aurait besoin d’aide pour savoir ce qu’il doit faire, ce qui est attendu de lui. Les oublis et les devoirs non faits et ses mauvais résultats rougissent les pages de son agenda. Finalement, le divorce est consommé avec ce(s) prof(s) qu’il déteste surtout parce qu’il s’en sent détesté.
L’école devient omniprésente dans toutes les discussions à la maison. Les parents sont médusés, ne sachant plus s’il faut soutenir leur enfant ou sévir.
Peu à peu, l’absentéisme ou le décrochage scolaire s’immisce dans la vie du jeune. Il s’isole.
Parfois, il continue à se rendre quotidiennement en classe, au grand dam des enseignants qui ne savent plus quoi faire avec eux : ils sont devenus arrogants et provocateurs. Parfois, les élèves de la classe les « prennent en grippe » tant l’ambiance de travail est pénible lorsqu’ils sont là.
Peu à peu ce jeune, hyper sensible, se façonne une image de lui-même déconnectée de sa réalité intérieure et de ses besoins réels.
Si le fil de la relation n’est pas coupé avec les parents, ceux-ci témoigneront qu’ils ne reconnaissent pas leur enfant dans la description que l’institution scolaire fait de lui.
Tout le monde souffre dans ce type de situation mais l’adolescent est, lui, en danger : il se sent si différent des autres, depuis toujours. La dépression le guette.
Le rassurer en posant un cadre strict, clair et bienveillant. Et le laisser évoluer librement à l’intérieur de ce cadre.
Dès le plus jeune âge, il est impératif de travailler à la construction de l’estime de soi, très fragile chez les hauts potentiels. Rassurez-vous, rares sont les enfants à haut potentiel qui prennent la grosse tête.
Lui permettre de vivre des situations valorisantes auprès d’autres personnes : se sentir utile en aidant un voisin, par exemple.
Garder le contact à tout prix.
Evoquer ses souvenirs d’enfance et d’adolescence. Lui raconter ses moments de traversée du désert et comment ils ont été surmontés. L’auto-dérision peut être salutaire pour désamorcer une crise.
Chercher à comprendre ce qui lui est difficile, pénible. Et préparer ensemble des « plans B » et « C » si le plan A devait échouer. La simple idée qu’il n’est pas prisonnier d’une situation souffrante peut lui donner le courage d’affronter ce qu’il traverse en reprenant son propre pouvoir.
Faciliter les rencontres avec les vrais amis. Ces vrais amis sont sans doute des enfants à haut potentiel eux-aussi et nourrir cette relation est profitable à tous.
Chercher une ou des activités extra-scolaires qui peuvent le stimuler autrement. Equilibrer les différentes activités pour valoriser le mouvement et la créativité autant que l’intellect.
Chercher des stages dans des métiers qui l’intéressent.
L’encourager à se chercher un petit boulot, l’aider dans les démarches en le coachant.
Trouver une école qui propose une pédagogie adaptée. Ceci lui permettra de reprendre confiance en ses compétences, renouer avec son insatiable curiosité, développer des liens de camaraderie valorisants et épanouissants.
Prendre RDV chez un psychologue spécialisé dans l’identification des hauts potentiels. Et ne pas désespérer s’il n’est pas identifié suite au bilan, ce qui arrive fréquemment : vous êtes à la recherche de son mode d’emploi et il y a d’autres solutions pour l’obtenir.
Sur internet, vous trouverez de nombreux sites dont ceux de l’Association Suisse pour les Enfants à Haut Potentiel : https://asehp.ch/, Mme Claudia Jankech, psychologue à Lausanne : http://www.jankech.ch/ qui, en plus d’effectuer des bilans, transmet généreusement ses travaux de recherche, ses articles sur le sujet, propose des cours et des formations pour les parents et les professionnels et http://douance.be/ qui fourmille d’informations et de conseils.
Lisez des livres qui décrivent les singularités du profil haut potentiel. Au passage, ils vous permettront peut-être de comprendre que votre enfant tient cette particularité de vous.
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