Célébrer la future mère est devenu une activité prénatale à la mode ces dernières années. Avant que bébé ne soit là, on s’amuse, on offre des cadeaux et on échange des conseils.
Souvent, ce qui est populaire aux Etats-Unis finit par débarquer chez nous. Et avec les moyens modernes de communication, ça va très vite. Sur Instagram, on voit des « people » fêter en avance et en grande pompe la venue de leur enfant. À la télé, des séries telles que Desperate Housewives ou Sex and the City nous ont familiarisés avec cette coutume prénatale.
« Ici en Suisse, le phénomène prend un peu d’ampleur mais ce n’est pas encore un passage obligé comme aux Etats-Unis, nuance Sandra Monteiro, fondatrice de SoSo animations, agence événementielle spécialisée dans le monde de l’enfance. Les demandes que l’on reçoit viennent de jeunes parents entre 25 et 35 ans et tout à leur joie d’accueillir leur premier enfant. »
Hormis l’aspect glamour et girly – car en général réservée aux femmes –, la baby shower marque une étape importante. « Derrière l’apparence commerciale, il y a un rite à l’origine qui aide et accompagne symboliquement la transition vers une vie de maman, estime Muriel Heulin, psychologue et directrice du Centre périnatal « Bien naître, bien grandir », à Genève et Lausanne. Quand la famille n’est pas toujours à côté, partager entre amies ses attentes, ses croyances et aussi ses doutes, c’est très appréciable. » Des conseils bienveillants et une pluie de cadeaux font de la baby shower un moment doux, sucré qui se veut être un bon présage pour la suite.
Pour réussir sa baby shower et pour que tout le monde s’en souvienne, il faut du fun, de l’originalité et un brin de démesure. « On soigne la décoration, les invitations, le buffet, commente Mme Monteiro. Il y aussi des animations ludiques du type body painting, karaoké, séance photo sans oublier le clou du spectacle, l’ouverture des cadeaux. » Babycook, babyphone, vêtements, les invités peuvent choisir ce qu’ils veulent dans une liste de naissance déposée dans des magasins comme Orchestra. Cela permet d’équiper les futurs parents en leur évitant d’avoir du matériel en double. Entre légèreté et divertissement, la fête revêt parfois des allures d’épreuve.
« La baby shower est une démonstration de son bonheur. On doit montrer qu’on est au top, que tout va bien même si la grossesse ne se passe pas aussi merveilleusement que ça. » Pas de fausse note donc dans l’image que l’on doit renvoyer à son entourage familial, amical ou professionnel. Avec l’arrivée de bébé, voilà venu le temps des responsabilités, d’un nouveau rôle à endosser. « À la femme, à la conjointe s’ajoute l’identité de mère, souligne Mme Heulin. Il est désormais question pour elle d’éducation et de transmission. »
Sous des noms différents, dans d'autres cultures, on retrouve de tels rites où la future mère est au centre de toutes les attentions. « La période prénatale est fêtée par exemple, depuis longtemps en Amérique latine, remarque Mme Monteiro. Il est courant également d’organiser une gender reveal party – fête de la révélation – où l’on annonce vers les 4-5 mois de la grossesse, le sexe de l’enfant. » Ici ou ailleurs, la maternité vaut bien quelques festivités.
Mais au fait, où est le père pendant ce temps-là? Lui aussi va devoir s’impliquer, assumer un statut de chef de famille. Si rien n’est vraiment prévu pour lui en attendant bébé, il peut toujours sortir avec ses potes de son côté, et commencer à arroser l’événement comme il se doit…
François Jeand’Heur
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