Notre expert
Avons-nous le droit de dire non à ses enfants?

La réalité de la famille a ses côtés merveilleux et ses côtés peu glorieux.
Faut-il dire non à ses enfants?
Faut-il laisser vos enfants dire non?     

        
Je vais tout d’abord vous poser des questions auxquelles vous me répondrez:

  • Faut-il abolir le non de notre vocabulaire avec nos enfants? 
    Bonne réponse: non

  • Pour qu’un enfant puisse grandir, doit-il être toujours approuvé?
    Bonne réponse: non

  • Nos enfants ont droit à tout et nous à rien:
    Bonne réponse: non

  • A choisir entre séduire ses enfants et l’autorité, séduire c’est plus sûr?
    Bonne réponse: non

        
Beaucoup de parents ne sont pas au clair avec ces questions.

Certains ne répondent pas non à toutes ces questions. Souvent les mamans, pour un certain nombre de raisons, ne savent pas dire non. Elles préfèrent séduire, plaire à leur enfant. Il y a aussi les clichés véhiculés par des médecins, des psychiatres, des éducateurs, des magazines où les idées dominantes sont que l’enfant est subtil et délicat et qu’on ne doit pas le traumatiser, qu’il doit avoir de bonnes vibrations... ce qui entraîne un abandon de l’enfant à lui-même.      

Abandon de l'enfant à lui-même

Le problème actuel: il y a une grande désinsertion des jeunes en rupture. Celle-ci est dûe en partie à des principes éducatifs trop «cools», trop «Rousseauistes». Il ne faudrait donner que de bonnes choses à l’enfant sans le contraindre.
               
Cette désinsertion est également dûe à des raisons liées à un processus qui se passe à l’intérieur de la famille:  

  • Le «syndrôme de l’incapacité affichée» Ce sont les parents qui se protègent au maximum: on ne peut pas rentrer le soir crevé du travail, en plus s’occuper des enfants, faire le repas, les aider aux devoirs… On a appris à penser à soi, à s’occuper de sa personne. Ces parents là ont eux-mêmes souvent été traité de façon négligée, trop laissé à eux-mêmes, ou encore maltraité, abusé… Les gens vulnérables sont plus sensibles à ce manque d’alimentation affective.

  • Problèmes dans le couple. Les problèmes dans le couple sont parfois si forts qu’entre les parents c’est la guerre. Ils se disputent, se déchirent devant les enfants: c’est aussi une forme de maltraitance.      

   
Réaction de l'enfant livré à lui-même

Les enfants se vengent de différentes façons. Ils peuvent faire du mal ou trahir ou encore adopter des stratégies de l’indifférence. Ces stratégies sont de curieuses façons de se venger: "si tu m’as fait du mal, ou si tu m’as ignoré c’est que je ne compte pas pour toi. Comment moi, puis-je te faire du mal?   
      
Je ne peux pas te faire du mal en te faisant mal car je n’y arrive pas (loyauté). Alors je vais te faire du mal en me faisant du mal à moi:"       

  • ce sont les conduites à risque, ordaliques (duel, jugement de Dieu,…)
  • des conduites de défi (racket)
  • la mutilation - jeux du foulard à l’école - la drogue
  • je sabote mes études…

  
Les jeunes qui s’exposent de la sorte sont entrain de se venger
. Ils ne connaissent pas les contraintes et les parents sont trop gentils.

Or l’enfant est incapable de s’élever par lui-même. Il a besoin qu’on l’élève.
Il faut l’aimer, il a besoin d’amour, il est motivé pour l’attachement.
Sans amour, il est difficile d’élever un enfant.
Tout ce qui l’aide c’est le DON : affection, protection, nourriture, culture, tradition…

Protéger un enfant c’est aimer savoir comment il bouge, comment il entre et sort de la maison, comment il bouge dans son milieu social. Nous aussi on a besoin d’être perfusé d’amour en permanence. On peut résister mais on a besoin d’amour. On ne peut rien sans attachement, amour et solidarité. Et éthique.   

Fratrie et maltraitance

Une des maltraitances qui se développe de plus en plus est celle qui se passe dans la fratrie entre frères et sœurs.

Pour que ça se passe bien dans la fratrie, il faut donner des consignes, surveiller ce qui se passe, contrôler, vérifier, ne pas abdiquer.

On doit avoir des exigences envers ses enfants. Il doit y avoir aussi un lieu où l’autorité et la force doivent intervenir. L’enfant a besoin d’affrontement. Il doit s’individuer contre et avec.

Gronder un enfant, lui dire non, lui donner des limites sont des choses justes si on ne l’écrase pas.

Il est nécessaire de leur apprendre à respecter les autres, à accepter les contraintes sans  jouer au psy. Dans une famille on n’est pas dans une démocratie. On doit apprendre les limites à nos enfants, mais on doit aussi les protéger de certaines choses. On a souvent peur de faire faux ou mal ou de s’affronter avec nos enfants, on a peur de ne plus être aimé. Elever un enfant c’est l’aimer et exiger de lui un certain nombre de choses.

Créer de la musique autour des règles.

Comment faire pour savoir si on a bien fait ou si les limites sont trop ou pas assez? J’espère que ce type de consigne n’existera jamais. Chaque famille est différente. Heureusement qu’on a des doutes et qu’on n’est pas des parents parfaits. Il faut réfléchir, analyser, se remettre en question, se parler entre parents.
Attention aux enfants qui ont peur des parents. Les enfants doivent continuer à avoir confiance en nous. Est-ce que nous sommes fiables pour eux? Ce qui est important est la réciprocité de l’attention à l’enfant. On ne le lâche pas tant qu’il n’a pas compris. Il faut prendre des nouvelles des enfants mais aussi leur apprendre à prendre des nouvelles de nous. Il est important de leur apprendre la réciprocité.

Questions autour de l'autorité et des limites:

1. Cruauté entre frères et soeurs. Jusqu’à quel point doit-on intervenir?
Il est nécessaire de faire la part des choses. Si un enfant persécute l’autre, il faut intervenir, si le petit titille le grand il faut intervenir. Il a le droit, comme le grand d’être éduqué. Mais attention, si en cas de dispute on essaie de savoir qui a commencé, c’est très difficile. Les enfants testent, mais il faut réagir, il faut leur apprendre qu’on peut jouer sans se disputer. 
  
2. Les rituels. Certains enfants instaurent des rituels avec les parents, mais ces rituels peuvent devenir lourds à la longue. Doit-on continuer avec un rituel qui nous embête?
Ces rituels sont importants car ils marquent l’intérêt que le parent porte à l’enfant. Mais s’il devient lourd, il faut l’arrêter.  
   
3. Comment faire quand on est toujours dans le déplaisir avec les enfants?
Quand on est toujours dans la fixation de cadres, de règles, il faut montrer à l’enfant qu’il peut y avoir aussi, dans la famille, à la maison, des moments de relation intéressants. Mais si on n’arrive pas à les leur faire vivre de façon spontanée, il est nécessaire de demander aux enfants comment faire pour les vivre, leur demander des idées.

Une conférence du Dr. Gérard Salem - Psychiatre FMH -
Thérapeute de famille - Privat-docent à la Faculté de Médecine


           

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