La peur est quelque chose de naturel, de fondamental. Elle est chevillée à notre existence. Si nous n'avons pas peur, nous ne sommes pas vivants. La peur fait partie du mouvement de la vie. Si nous n'avons pas peur nous sommes privé d'un système de protection qui nous alerte du danger.
La plupart des enfants ont un jour peur du noir, des monstres, des orages ou du père Noël.
Quand l'enfant vit la peur, il faut être positif car il expérimente un nouveau sentiment. Les peurs enfantines peuvent être des expériences qui font grandir, à condition d’être apprivoisées.
Il y a les peurs sociales, collectives comme celle du cancer du poumon dû à la cigarette ou celle du cholestérol: il faut manger moins de graisse, faire du sport... et il y a des peurs intimes. La peur est quelque chose de naturel, de fondamental. Elle est chevillée à notre existence. Si nous n'avons pas peur, nous ne sommes pas vivants. La peur fait partie du mouvement de la vie. Si nous n'avons pas peur nous sommes privé d'un système de protection qui nous alerte du danger.
Elle est comparable à la douleur: avoir mal fait partie de la vie. En hypnose on apprend aux gens à ne pas avoir mal. On détourne la douleur. Mais il faut faire attention à ne pas la supprimer totalement car elle fait parfois partie de la vie du patient et contribue à un certain équilibre. La peur peut faire partie de notre vie. Et ce sentiment, cette émotion peut être positif s'il nous aide à vivre (le trac de l'artiste qui le pousse...).
De quoi a-t-on peur? Certaines peurs sont plus importantes que d'autres.
Il y a des codes sociaux qui fonctionnent et nous font peur: par exemple, à la suite de ces campagnes anti-tabac qui sont lancées dans certains pays, les gouvernements ont décidé de mettre sur les paquets de cigarettes des avertissements comme quoi fumer est dangereux: des cache-paquets de cigarettes sont alors apparus sur le marché pour camoufler ces mises en garde qui dérangent, qui font peur, qui contribuent aux peurs collectives.
Comment enseigner et utiliser intelligemment la peur? Surtout si on comprend que la peur engendre 3 types de réactions fondamentales, primitives et grossières:
Comment apprivoiser la peur: il y a les minipeurs et les megapeurs
Et puis on peut aussi:
1 - Se faire de la peur une amie: on compose avec elle, on montre que la peur est quelque chose d'intéressant, d'amusant: j'ai besoin de la peur car elle m'amuse. C'est le cas du trac de l'artiste, du trac avant un examen...
2 - La désamorcer - comme on le fait avec une mine - s'en exclure en la gardant comme un système d'alarme.
3 - Se confronter à elle: on ne guéri pas d'une phobie sans une confrontation, surtout si cette phobie est devenu un circuit de pensée répétitif. Il faut alors affronter cette phobie: si je fais face, j'ai de fortes chances de démystifier cette peur. Il faut se mettre en situation, lentement mais sûrement.
Avec nos enfants: il ne faut pas leur apprendre à tourner le dos à leur peur. A retarder à plus tard. Il faut leur apprendre la confrontation en confrontant avec eux.
4 - Oublier sa peur en chantonnant, en priant, en se concentrant. C'est une façon de se distraire, de s'oublier. Les enfants savent très bien faire ça, surtout les enfants maltraités. Ils fuient dans l'indifférence, ils sont absents. C'est un phénomène dissociatif, ils se construisent une réalité pour survivre.
5 - Diluer la peur dans autre chose: a quelqu'un qui a mal, on lui demande de prendre conscience de sa douleur ici et maintenant, et aussi de prendre conscience d'une autre partie de son corps, en même temps que la douleur. Elle perd alors sa consistance. Tu as peur: mais qu'est-ce que tu ressens d'autre? Décris-moi ce que tu ressens aussi à ce moment là. Ce qui permet d'apprendre des éléments qui nous sortent de notre ronron habituel.
Quand l'enfant vit la peur, il faut être positif car il expérimente un nouveau sentiment.
Tu as peur: génial, raconte-moi ce que tu ressens en ce moment. Et ensuite l'amener à lui faire comprendre comment il a ses propres compétences pour réduire ses peurs. S'appuyer sur elles, sur des choses positives. Lui rappeler qu'il est capable de faire du bien. Ce qui aide aussi nos enfants à grandie c'est de leur transmettre la confiance en eux:
Par exemple, un enfant qui a peur du noir pour s'endormir:
On ne doit pas avoir peur de parler de sa peur: il faut oser en parler et en rire.
Dans l'éducation il doit y avoir une éthique de la peur: comment est-ce que je me méprise moi-même pour ne pas oser parler de ce qui me fait peur? L'inverse c'est la confiance: il y a quelqu'un en face de moi qui n'est pas un ennemi. Il sera ce que moi je déciderai.
Quelle est la différence entre la peur et l'angoisse? La peur: c'est quand on sait ce que c'est L'angoisse: c'est une peur qu'on ne peut identifier. On ne sait pas pourquoi on est angoissé et c'est quelque chose de très physique.
Comment faire avec un enfant qui a peur de s'endormir car il a peur de faire des cauchemar? On a l'impression que l'enfant qui raconte son cauchemar se complaît dans sa peur. Mais on ne peut non plus le renvoyer comme ça dans sa chambre. Quand un enfant chaque soir a peur de s'endormir et qu'ensuite quand il s'endort il se réveille et raconte son cauchemar, cela devient une phobie. Il y a un rituel, un cérémonial à plusieurs qui s'installe, et on sait que le fait qu'on écoute le cauchemar ne sert a rien puisque le lendemain on sera de nouveau là à l'écouter. Que faire donc? - Lui faire dessiner son rêve pour le garder dans une armoire à la cave: on sort ainsi le rêve de la maison -lui demander: "et après, que s'est-il passé ?" ou bien lui raconter notre propre rêve. Ce qui permet de recadrer comme une aventure existante ce cauchemar, et ça rends les peurs plus plaisantes, moins sombres.
Comment faire pour casser les peurs cycliques d'un enfant? Il faut faire de la peur une chance. Tu as peur? Mais quelle chance tu as! Et qu'est-ce que ça te fait? Qu'est-ce que tu ressens, ce qui le distrait de sa peur. Et puis utiliser les rituels comme les claquements de mains: à chaque fois que tu as peur, tu viens me claquer la main, ce qui renoue le lien, apaise et distrait du problème de base.
Résumé d'une conférence
animée par le Dr Gérard Salem, psychiatre FMH, thérapeute de famille,
Privat-docent à la faculté de Médecine.
Cet article vous a interpellé, vous vous posez des questions ? Posez votre question à info@lafamily.ch, Anne Jeger, psychologue, vous répondra.
Commentaires