Chez les enfants de 6 à 12 ans, la prévalence de la dépression serait inférieure à 3%. Pourtant l'existence de cet état a été longtemps méconnue, voire niée pour différentes raisons:
On retrouve peu chez l'enfant des symptômes analogues à ceux rencontrés dans la dépression de l'adulte.
Chez lui, les symptômes sont très variables et contribuent à masquer l'existence de la souffrance dépressive.
De plus, il est difficile pour un adulte de concevoir et d'accepter qu'un enfant puisse être déprimé.
Comment reconnaître les troubles dépressifs chez l’enfant?
L’enfant est en retrait, son visage sérieux, peu mobile ou à l’air absent ou décrit comme irritable, agité, opposant et insatisfait. Il faut rechercher l’expression d’une souffrance reliée à la perte et au sentiment d’impuissance.
- Les mots de l’enfant sont explicites:
«J’ai envie de rien» - «Je suis nul» - «Je suis méchant» - «C’est de ma faute» - «Personne ne m’aime» - «Je n’y arrive pas, c’est trop dur»
- Le désarroi des parents se traduit par des phrases du type:
«Il n’est jamais content» - «On ne peut jamais lui faire plaisir» - «Il n’est plus comme avant»
Voir aussi notre dossier sur l'Estime de soi des enfants
En pratique, on observe souvent chez l’enfant déprimé:
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Situation d’échec scolaire en lien avec la souffrance dépressive et l'inhibition intellectuelle
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Désinvestissement des activités ludiques et de plaisir
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Sentiment de rejet et d'isolement
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Quête affective mais avec paradoxalement une difficulté à accepter d'autrui les manifestations d'affection et de réconfort
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Certains symptômes accompagnent les affects dépressifs, comme l’inhibition et parfois les masquent: ce sont des symptômes de défense vis-à-vis de la souffrance dépressive: agitation, excitation, clownerie...
Plus l'enfant est jeune plus la symptomatologie risque d'être trompeuse:
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Les troubles du comportement sont souvent au 1er plan chez l'enfant (agitation, instabilité psychomotrice, manifestations agressives fréquentes). Le ralentissement psychomoteur tel qu'on l'observe dans les dépressions de l'adulte peut être absent ou prendre la forme d’une inhibition, d’un retrait, d’un repli sur soi.
Les sentiments d'auto-dépréciation font d’autant plus défaut que l’enfant est jeune (sentiments d'auto-accusation rarissimes avant la puberté).
Chez le très jeune enfant, le bébé est sans pleurs ni larmes. Il a une mimique pauvre, des conduites répétées et monotones, un affaiblissement des réponses aux sollicitations, une pauvreté interactive, une altération de la communication qui est amplifiée par le désarroi de l’entourage face à ce bébé qui ne répond pas. Il s’agit d’états d’hébétement (souvent après une phase de protestation) faits d’apathie, de retrait, de somnolence chez des nourrissons de plus de 6 mois privés des soins de leur mère et qui ne trouvent pas dans leur nouveau milieu d’accueil des soins et des apports affectifs satisfaisants.
La dépression du nourrisson est attribuée le plus souvent à la rupture des liens d’attachement, spécialement avec la mère (orphelinats d’enfants abandonnés...).
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Dépression et suicide
Le suicide chez l'enfant de moins de 12 ans est beaucoup moins étudié que les comportements suicidaires de l'adolescent. L'intention suicidaire est souvent remise en question, voire niée et le suicide considéré comme un accident durant cette période de la vie.
Le suicide avant la puberté est rare: le taux de suicide entre 10 et 14 ans est 6 fois moins important chez le garçon et 10 fois moins important chez la fille qu’entre 15 et 19 ans.
En Suisse, parmi les jeunes de 15 à 18 ans, on constate une trentaine de suicide par année, chiffre qui augmente dès que l'on passe les 18 ans.
Du normal au pathologique
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Moments dépressifs et deuils (non pathologiques):
La tristesse n’est pas un épisode dépressif mais représente une réaction émotionnelle dont tout enfant fait un jour ou l’autre l’expérience.
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Le deuil:
les recherches épidémiologiques ne permettent pas de corréler le décès d’un parent et la dépression de l’enfant. Mais il est une situation à risque que l’enfant peut surmonter grâce à l’aide du parent survivant qui peut avoir besoin d’une aide extérieure (rôle important de la famille élargie et du réseau social).
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Episodes dépressifs de type «névrotique»:
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L’enfant s’impose à lui-même des contraintes et des exigences dont il tente en vain de s’approcher
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Parfois, compte tenu d’un idéal parental très élevé, l’enfant a l’impression de ne pas pouvoir répondre aux attentes familiales
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Besoin perpétuel de revalorisation, appel constant à l’aide affective
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Décompensation dépressive à l’occasion d’un traumatisme ou d’une modification de l’entourage
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Face à la menace d’une perte d’amour et d’estime de soi, l’enfant ne parvient plus à trouver de réponse adaptée en lui-même et dans son entourage
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Dépressions «réactionnelles»:
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Les séparations et pertes, les carences affectives sont ont une grande influence
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Les incohérences éducatives: effet +++ des comportements punitifs, coercitifs, arbitraires des parents
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L’existence de troubles dépressifs chez les parents augmente le risque de survenue de troubles dépressifs chez les enfants (dépression maternelle +++)
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Dans la plupart des maladies somatiques graves, la dépression semble être corrélée à la douleur lorsqu’elle n’est pas traitée ou lorsque les traitements sont inefficaces
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La place de la dépression dans les troubles de la personnalité de l’enfance est centrale mais est rarement reconnue comme telle. Elle s’exprime au travers de sentiments pénibles (de vide, d’inutilité et de non-valeur qui vont progressivement se teinter d’idées de préjudice et d’injustice); d’absence d’intérêts et d’idées; de manifestations somatiques; de défenses par l’agitation et l’excitation.
Les facteurs de protection
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La cohésion familiale
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La qualité de la relation parents-enfants
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Les compétences intellectuelles
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L’école joue un rôle de protection lorsqu’elle fournit aux enfants les moyens de répondre à ses exigences et qu’elle met en œuvre une pédagogie du renforcement positif des acquis. L’école a un rôle préventif à jouer en accompagnant chaque enfant dans tous les moments de rupture et de passage, y compris les ruptures culturelles (enfants de migrants)
Prévention des troubles dépressifs chez le sujet jeune
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Repérer et corriger les situations à risque de rupture et de discontinuité et les souffrances maternelles à l’origine de troubles des interactions
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Eviter les séparations parents-enfant précoces répétées et non préparées
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Equiper correctement en personnel formé tous les services et institutions destinés à accueillir de jeunes enfants
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Interventions à domicile très précoces dès la grossesse (milieu socialement défavorisé +++)
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Guidance parentale, thérapies mère-enfant
Comment soigner les troubles dépressifs chez l’enfant?
Il est important que l’enfant déprimé soit précocement reconnu comme tel mais attention à l’activisme thérapeutique inconsidéré.
Le traitement peut être psychothérapique, individuel ou familial, voire de groupe et/ou médicamenteux.
La plupart des dépressions sont accessibles à un abord psychothérapique de courte durée prenant la forme de consultations thérapeutiques. Le psychodrame et les psychothérapies de groupe trouvent leur indication dans les dépressions de l’enfant quand une relation duelle ne peut s’établir.
Les traitements médicamenteux
La psychopharmacologie constitue toujours, à l’heure actuelle, un axe peu développé au sein des stratégies thérapeutiques élaborées par les psychiatres d’enfants: elle est plus facilement prescrite chez l’enfant par les médecins généralistes et les pédiatres, même dans le jeune âge.
L’effet placebo chez l’enfant semble varier selon les études et les pathologies (de 20 à 60%).