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Naissance d'un enfant - Les réaménagements dans la famille

La naissance d'un enfant - Les réaménagements dans la famille
Dr Nahum Frenck - Pédiatre FMH - Thérapeute de famille

La naissance d'un enfant arrive toujours dans un couple. Aujourd’hui,  il peut  s'agir d'un couple hétéro ou homo. Un enfant adopté arrive dans un couple, avec un ou des absents.

La construction de la parenté entraîne plusieurs tâches que chaque membre du couple doit assurer:

1) Chaque membre du couple doit se séparer de sa famille d'origine.
Nous venons tous d’un père et d’une mère et pour se réinvestir dans la parenté il faut se séparer, créer la distance respectueuse : «tu quitteras père et mère pour fonder une famille».

2) Il faut que les conjoints s'adaptent réciproquement, se libèrent de l’ingérence des beaux-parents respectifs.
Souvent, il y a dans l’adaptation de chacun l’ingérence de la génération d’«au-dessus», qui sait toujours mieux faire que la nouvelle génération, même s'ils n’ont pas réussi eux-mêmes.

3) Le couple doit créer les frontières nécessaires avec l’extérieur:
pour préserver/développer l’identité du couple, il est indispensable d’avoir des frontières. Pour préserver son autonomie, le couple a besoin d’une frontière avec l’extérieur. Une fois cette frontière établie, le couple peut  accéder à un certain niveau d’autonomie concertée :

  • la plus  connue est la porte de l’appartement (on sonne : «qui est là» ?)
  • les frontières peuvent être trop perméables (envahissement par l’extérieur), imperméables (isolement du couple), semi-perméables (le mieux).

La naissance :
"moi, enfant, je suis un chapitre de la vie de mes parents. Une fois en couple, je crée mon propre livre et mes parents deviennent un chapitre de mon histoire".
La naissance est un événement dans le couple, mais aussi dans la famille élargie.
C’est un événement familial, le premier événement irréversible: cette naissance enrichira le couple d'une nouvelle fonction, la fonction parentale : cet homme et cette femme vont devenir papa et maman en plus de mari et épouse.
Ceux de l’étage supérieur (la génération au-dessus), sans avoir rien fait, sont propulsés au rôle de grands-parents.
Cet événement crée à la fois un déséquilibre puis un nouvel équilibre.
C’est une crise évolutive où la famille va se réarranger. C’est une crise dans le sens de la rupture d’un équilibre pour arriver à un autre équilibre (définition chinoise : «WEI-JI», i.e. «danger et opportunité»). Si on est conscient du danger, on peut avoir une opportunité, une occasion de se repositionner pour donner une chance à la chance, au futur.

La rencontre: l’homme/femme qui s’aiment décident de construire un lien conjugal. Les enfants arrivent et les membres du couple vont construire un autre lien. Il est très important de faire une distinction entre ces deux liens. Cet homme est en même temps le mari de Madame ET le père des enfants, avec une communication différente, comme sur un câble électrique. Parfois ces deux fils provoquent un court-circuit et on peut «péter les plombs».
J’ai montré ce schéma à un enfant de cinq ans qui a dit «je n’aime pas l’électricité» :  je lui propose d’y voir une autoroute : une autoroute de couleur verte et une autoroute différente (couleur rouge). "Quand  la rouge a des trous et plein de pierres les adultes utilisent l’autre".
Pour le couple, la naissance de l’enfant va développer le rôle parental et va développer aussi le rôle conjugal.

Les différents rôles familiaux : "Moi”, “Moi, fils de”, “Moi, frère/sœur de”, “Moi, époux/épouse de”, “Moi, père/mère de mes enfants". Tous ces rôles vont être joués en même temps par les mêmes personnes. Il y a une personne et plusieurs personnages. Pour être père de mon fils, je dois être "moins" fils de mon père … et avoir une relation sereine avec mon père.
L’adaptation de la famille à la naissance d’un enfant passe par l’intégration de l’enfant dans l’unité familiale (on entend souvent des réflexions du genre «il a les oreilles de son grand-père», etc…: il faut intégrer l’enfant dans sa famille).

Est-ce qu’il y a un espace pour l’enfant dans la famille?
Est-ce que bébé est là pour remplir un vide? Nous savons que beaucoup de jeunes femmes tombent enceintes pour partir de chez elles et laisser leur bébé "en otage".
L’investissement des nouveaux rôles par les conjoints et les autres membres de la famille élargie.
Qui suis-je ? (moi femme, moi fille, moi épouse, moi mère).
“Comment est-ce que je compose ces mélanges que je suis?”

Grand danger:

  • Déclin de la femme, épouse et éclosion de la MERE (mater familias):
    la mère comme hyper spécialiste de l’enfant, une hyper puissance qui a neuf mois d’avance sur le père, avec deux seins que l’homme n’a pas. C’est une frustration pour l’homme et un avantage pour la femme.
  • La place du père:
    Il dit “qui suis-je ? où est ma place ?”.
    Il peut ne pas la trouver car beaucoup de mamans pensent qu’elles peuvent tout mieux. Et cela arrange parfois certains pères.
  • Les espaces du couple: espaces de liberté et espaces de sécurité.
    L’espace de liberté que je m’accorde - celui que l’autre m’accorde - celui qu’il s’accorde - celui que je lui accorde.
    Quand on parle du couple conjugal, on parle de trois entités qui ont chacune besoin de place: JE - TU - NOUS
    Deux Circularité : “Moi parce que Toi” – “Toi parce que Moi”
    Donc il faut un espace supplémentaire pour NOUS TROIS (moi, toi, l’enfant), soit :
    - un espace conjugal,
    - un espace parental (je joue au Monopoly avec femme et enfant),
    Il y a un temps conjugal et un temps parental.

Les troubles du sommeil sont un malentendu sur ces espaces:
- «lit des parents» : c’est une erreur, car c’est le lit des conjoints.
- quand il y a confusion, malentendu, les dysfonctionnements apparaissent. Lorsque c’est clairement exprimé («le lit conjugal»), les enfants comprennent.
- quand on le transforme en «lit familial» (pour le petit déjeuner par exemple), cela doit se comprendre «de telle heure à telle heure».
Suggestion d’apposer un panneau sur la porte «Chambre conjugale». Les parents sont parfois surpris de se voir autrement : maman à 100% - papa à 100% et il ne reste plus rien pour l’espace conjugal.
Plus on veille à garder un espace conjugal, plus l’espace parental peut s’adapter aux vrais besoins des enfants.
En même temps, les enfants apprennent : à être enfant, à être un homme ou une femme qui se respecte mais qui respecte sa femme, qui respecte son mari.

Les relations avec les différentes familles d’origine : elles doivent être le plus sereines possible. Ce sont des relations d’adulte à adulte : personnelles, affectives.
Attention

  • à la «surimplication», enchevêtrement.
    Exemples :
    • dame qui téléphone plusieurs fois par jour à sa mère (feu vert pour chaque acte qu’elle fait «comme maman»),
    • «quelle note vous donne votre mère ?» : «je ne sais pas si j’arrive à la moyenne»,
    • la mère qui accompagne systématiquement sa fille : «si ma fille ne comprend pas je le dirai/expliquerai à son mari» (disqualification de la fille par sa mère).
  • aux relations superficielles avec les parents: «on le voit à Noël, de temps en temps, il est à la retraite, la moitié du temps en Espagne…»
  • aux relations dangereuse (CUT-OFF) : c’est une coupure émotionnelle (pseudo vraie indépendance). Coupure avec la mère ou le père. C’est quelque chose de douloureux, de triste et de perturbant pour la relation parent-enfant.
    Les problèmes de fusion non résolus : on a peur d’être comme notre parent («je gueule comme ma mère et pourtant je me suis interdit de le faire»). C'est en réalité une loyauté invisible qui se réveille.

Le résumé de cette conférence a été fait par Lausanne Famille.

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